Pee Froiss : la leçon


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Pee Froiss
Pee Froiss

Attention talent. Avec leur premier album CD,  » Konkerants « , le groupe sénégalais Pee Froiss réalise l’une des meilleures productions hip-hop de l’année. Résolument ancré dans une réalité africaine et ardent défenseur du wolof, le trio dakarois abat ses cartes. Sur le tapis : trois as.

Pee Froiss. Voici un nouveau nom à compter désormais parmi la fine fleur du rap africain. Le groupe sénégalais entre par la grande porte avec un premier album CD, Konkérants, qui devrait remporter pas mal de suffrages. Il réhabilite, en France, le rap auprès des nombreux désabusés d’un mouvement en panne d’inspiration et montre, en Afrique, la voix à suivre pour allier musique et message, fraîcheur et authenticité, modernité et identité.

Si Pee Froiss fait en Europe figure de nouveau venu dans le monde du hip-hop, il n’en est rien au Sénégal. Car Xuman, Kocc 6 et DJ Gee Bayss sont bien des vieux de la vieille et tournent depuis plus de 10 ans sur la scène dakaroise. Tout s’explique. Avec déjà quatre cassettes à leur actif, rien d’étonnant à ce que leur premier opus CD soit si abouti. Après Positive Black Soul et Daara J, le Sénégal nous montre, une fois de plus, qu’il est un impressionnant vivier de talents.

I AM à la belle époque

La force de Pee Froiss est d’avoir su s’approprier toutes les influences du rap occidental pour les intégrer à la culture africaine. Les deux MC (maîtres de cérémonies) opèrent certes en anglais et en français dans leurs textes, mais ils font surtout la part belle à leur langue maternelle : le wolof. Des flows (phrasés), comme sur  » Jalgali  » ou  » Siensal « , parfaitement calés dans le tempo sont impressionnants de maîtrise. Pee Froiss s’empare du rap.

Plus qu’avec le wolof, l’identité africaine du groupe transpire également dans la construction de la musique. Et l’on sera agréablement surpris d’entendre un tambour d’aisselle ou une boucle échantillonnée sur des accords de kora. Témoin du rap d’hier et d’aujourd’hui, l’impeccable  » Africa for Africans  » nous rappellera à coup sûr la belle époque du groupe marseillais I AM, Xuman ayant à s’y méprendre les même intonations que Shurink’n. Une leçon d’histoire africaine en trois actes pour synthétiser l’asservissement physique, économique et spirituel de tout un continent. Ceux qui ont  » mal à l’Afrique « , la défendent pourtant très bien et nous offrent avec Konkérants un album de très haute volée. Indispensable.

Pee Froiss, Konkérants, Night and Day, 2003.

Commander le disque.

Lire aussi :

L’interview de Daara J.

La chronique du dernier album de Daara J « Boomrang ».

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