Pas de croissance économique sans droits de propriété solides


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Afrique croissance économique
Afrique croissance économique

La régression économique de l’Afrique du Sud se confirme. Dans un environnement fortement menacé par l’expropriation arbitraire sans compensation, qui aurait envie de sérieusement investir ?

Dans son article, Chris Hatting s’attriste de voir son pays dans une situation économique incertaine du fait du risque foncier croissant qui pèse sur les investisseurs. Rajoutons que le problème n’est pas que d’ordre économique mais qu’il porte atteinte aux droits de l’homme.

L’expropriation sans compensation pèse sur l’économie sud-africaine. Le Parlement est en effet en train de rédiger un amendement inconsidéré à notre Constitution. Selon Moneyweb, l’économie est bloquée dans son plus long cycle de ralentissement depuis 1945. Avec l’amendement possible à l’article 25 de la Constitution, les investisseurs locaux et étrangers ont une bonne raison de préférer faire leurs affaires dans d’autres pays africains, où leurs investissements seront plus sûrs qu’en Afrique du Sud. Si nous voulons avoir une croissance économique forte, nous devons sécuriser les droits de propriété privés pour tous. Pourquoi ?

Chaque personne devrait être libre de faire ses propres choix et d’investir son temps et ses compétences pour atteindre les objectifs qu’elle pense être les meilleurs pour son bien-être et son bonheur. Aucune tierce partie ne doit prendre les décisions à leur place, même s’il s’agit de personnes éclairées, y compris les politiciens. La vie de chaque individu est très différente de celle d’un autre. Penser qu’il est possible de prendre des décisions économiques impactant la vie de quelqu’un d’autre est une voie qui mène à la violation des droits et libertés individuels, sans parler de la misère économique qui en découle.

Le risque foncier augmente

Dans le dernier rapport sur la liberté économique dans le monde, publié par le Fraser Institute, l’Afrique du Sud se classe au 101ème rang sur 162 pays. Nous étions classés au 47ème rang en 2000, lorsque notre économie était beaucoup plus libre qu’aujourd’hui et que notre croissance économique était d’environ 4,4% cette année-là. Le rapport utilise cinq grands critères, composés de données provenant de diverses sources, dont la Banque mondiale, pour obtenir un score moyen de liberté économique. Sur le plan de la protection des droits de propriété, l’Afrique du Sud obtient un score de 5,39 sur 10. Lorsque les hommes d’affaires et des investisseurs réaliseront réellement le lien vital entre liberté économique et prospérité économique, ils se tourneront vers les pays où leurs investissements seront sécurisés et protégés. En envisageant et en prévoyant clairement de procéder à l’expropriation sans indemnisation, l’Afrique du Sud s’est tirée une balle dans le pied en matière d’investissement.

Les pauvres sont les plus touchés

À mesure que la liberté économique diminue dans un pays, la qualité de vie y baisse également. Ce sont les plus pauvres qui sont le plus touchés par des changements même mineurs de prix. Les riches peuvent transférer leurs avoirs à l’étranger et ne dépendent pas de revenus fixes. Lorsque l’investissement en capital diminue, les biens et services deviennent plus chers ou disparaissent carrément. Pour les personnes qui consomment des aliments de base, tels que le maïs, les transports et le carburant, cela signifie qu’elles doivent dépenser une partie plus importante de leur revenu en baisse pour se nourrir moins, c’est un cercle vicieux. Les entreprises se développent lorsque les investisseurs et les personnes disposant de plus de capitaux ont confiance dans les droits de propriété d’un pays. Cela signifie davantage de création d’emplois et une concurrence saine entre les entreprises.

Violation des droits de l’homme

Les droits de propriété ne doivent pas être considérés comme un concept abstrait sans aucun rapport avec la réalité économique vécue quotidiennement par la plupart des Sud-Africains. Qu’il s’agisse du plus petit commerçant d’un établissement rural ou du plus grand agriculteur, le gouvernement devrait assurer une protection égale de la propriété privée. Si le gouvernement s’octroie le pouvoir d’accepter arbitrairement à des terres sans juste indemnisation, l’Afrique du Sud s’engagera dans la voie des violations des droits de l’homme et de la misère économique, comme c’était le cas récemment au Zimbabwe et au Venezuela. Aucun homme politique ou fonctionnaire, quel que soit son parti politique ou sa noblesse, ne devrait jamais avoir ce niveau de pouvoir et de contrôle sur nos vies.

Pendant la majeure partie de l’histoire de l’humanité, les droits de propriété sécurisés étaient absents et si vous vouliez quelque chose de votre voisin, vous le preniez tout simplement de force si nécessaire. La protection de la propriété privée est une construction relativement moderne, et les pays où les droits de propriété sont les plus juridiquement garantis sont les plus prospères. Pour les pays qui professent respecter les droits de l’homme, les droits de propriété ne sont pas négociables.

L’expropriation sans compensation ne répondra pas aux injustices du passé. Elle ne fera que les enterrer. Les gouvernements et les hommes d’affaires sud-africains devraient être assurés par le gouvernement que leurs droits de propriété seront renforcés et toujours respectés, jamais dilués. Sans droits de propriété, aucun autre droit n’a de véritable sens, car une fois que le gouvernement aura le genre de pouvoir qu’implique l’expropriation sans compensation, des violations des droits s’ensuivront inévitablement. L’Afrique du Sud a autorisé le gouvernement de dicter aux citoyens où ils pourraient vivre et commercer, et ce manque de sécurité et de respect des biens privés a causé la grande pauvreté et l’indignité. Ainsi, tout gouvernement ne doit jamais être  autorisé à récidiver.

Par Chris Hatting, analyste pour The Free Market Foundation – Article initialement publié en anglais par le Free Market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique

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