L’association « La Règle du Jeu » au chevet de la crise burundaise


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En partenariat avec Paris Global Forum et la revue « La Règle du Jeu », en France, fondée par Bernard Henri Lévy, a organisé ce dimanche 31 mai, à Paris, une rencontre internationale, qui a réuni, des avocats, des journalistes, pour débattre autour des enjeux liés à la crise burundaise.

C’est par une minute de silence en mémoire des victimes des manifestations qui ont ensanglanté le Burundi, qu’a débuté la conférence sous le thème : Où va le Burundi ?

Journalistes, écrivains et enseignants étaient présents. David Gakunzi, est Burundais, il a modéré une conférence-débat sur la crise burundaise, à laquelle ont participé : Francis Kpatindé, enseignant, ancien journaliste enseignant, Bernard Maingain, avocat, Antonin Lévy, avocat et Nestor Bidadanure, philosophe.

C’est devant un parterre de journalistes et un public très attentif que David Gakunzi, a tenu à rappeler l’histoire de Bernard Henri Lévy avec le Burundi. « Pour Bernard Henri Lévy, l’histoire avec le Burundi date de 2000, en pleine guerre civile qui a fait 300 000 morts. A l’époque, il avait témoigné pour les victimes. Cet engagement pour le Burundi, s’est concrétisé par la création d’une Radio Télévision Renaissance devenue l’une des voix la plus libre du Burundi et du continent », a déclaré-t-il.

Soucieux de l’ampleur de la crise que traverse le Burundi depuis une année et son aggravation ces derniers mois, les intervenants ont évoqué les enjeux de paix, de la démocratie en Afrique, du retour aux présidences à vie sur le continent, de la régionalisation de ce conflit vers des risques des dérives identitaires.

Selon David Gakunzi, la crise est marquée par des signes inquiétants. Il affirme que : « Des images en provenance de Bujumbura où des manifestants bastonnés et brutalisés, des opposants assassinés, la violence extrême et banale est devenue un fait quotidien, il y a des signes avant-coureurs inquiétants susceptibles de basculer le pays dans des grands massacres ». Il a ajouté qu’au sommet du pouvoir se trouve un homme emmuré dans le silence prêt à garder le pouvoir. Il soutient que : « ça fait un an que les Burundais vivent dans la terreur, la peur, ça fait un an que les gens disparaissent, ça fait un an qu’un homme dit je veux rester au pouvoir que vous le voulez ou pas ».

Chape de plomb sur les Médias et réseaux sociaux

Depuis quelques jours une chape de plomb s’est abattue sur les médias et les réseaux sociaux, une mesure est prise par les autorités pour contrôler la communication. Tous les appels internationaux (entrants et sortants) doivent passer par un canal pour être filtré.

L’éclatement du conflit burundais fait craindre des risques réels de déstabilisation au niveau d’une sous-région sensible notamment dans les pays voisins comme le Rwanda et le Kivu où l’on trouve des communautés de part et d’autre des frontières. De l’avis des intervenants, les acteurs régionaux comme la République du Congo et le Rwanda observent ce qui se passe, il n’est pas exclu de voir une internationalisation ou régionalisation de la crise actuelle.

Menace pour la Démocratie en Afrique

Connaisseur du Burundi pour y avoir travaillé en 1988, au titre du Haut Commissariat des Nations-Unies, Francis Kpatindé, journaliste-enseignant, estime que : « ce qui se passe au Burundi est vraiment scandaleux ! ». Selon lui, auparavant en Afrique, les gens descendaient dans la rue pour des revendications salariales ou la défense des franchises à la différence d’aujourd’hui, où la nouveauté est que les gens descendent dans la rue au nom de la défense de la loi fondamentale, de la constitution. « Le débat actuel en Afrique se pose en terme du respect des engagements des chefs d’Etats africains », a-t-il dit.

Saisine des juridictions internationales

Selon les avocats Bernard Maingain et Antonin Lévy, les différentes violations des droits humains actuels et les critères d’atrocités qui se commettent au Burundi, relèvent des crimes de guerre conformément au statut de Rome et appellent la communauté internationale à se saisir. « Nous demandons aux juridictions africaines de se saisir du cas burundais et envisager un mandat d’arrêt contre Pierre Nkurunziza », ont lancé les deux avocats. Le responsable de la diaspora burundaise en France, Nestor Bidadanure, a jugé paradoxal le discours du pouvoir qui véhicule les informations selon lesquelles, les réfugiés à l’étranger viennent mais pas des campagnes qui lui sont acquises. Faux-rétorque-t-il. « Les faits montrent que la terreur existe aussi dans les campagnes parce que tous les réfugiés qui se trouvent dans les pays voisins viennent des campagnes. »

Enjeux de paix et de démocratie

Devant la situation extrêmement grave, se jouent des enjeux de paix et de défense de la démocratie. Pour David Gakunzi : « Si rien n’est fait, y a des signes avant coureurs qui nous disent que le Burundi de 2015 peut devenir le Rwanda de 1994 ». Aussi, ajoute-t-il : « Si la bataille autour de la démocratie au Burundi est perdue, ça sera le recul de la démocratie dans toute l’Afrique. Parce que tous les Présidents penseront qu’ils ont le droit de tripatouiller leurs constitutions. Donc c’est un enjeu à la fois de paix et de la démocratie ».

Les intervenants appellent la communauté internationale à prendre leur responsabilité sur la crise au Burundi sinon c’est un processus de ridiculisation de la démocratie en Afrique. Ce que pense aussi, Hamid Chriet, éditorialiste et géopolitologue franco-marocain, présent dans la salle.

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