Paris, cœur culturel de la Caraïbe


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La cinquième édition du festival Vibration Caraïbes qui célèbre la création culturelle des peuples caribéens s’ouvre ce vendredi à Paris. De nombreux artistes femmes issues des Caraïbes et d’Afrique vont offrir pendant dix jours le meilleur de leur savoir-faire au public dans plusieurs espaces culturels de la capitale française.

Et de cinq pour le festival Vibrations Caraïbes. Après le succès de ses quatre premières éditions, Vibrations Caraïbes qui célèbre la richesse de la création culturelle caribéenne investit de nouveau, à partir de ce vendredi, la capitale française. Pendant dix jours, jusqu’au 14 novembre, de hauts lieux de la culture à Paris, la Maison des cultures du monde, la Fondation Alliance française, le Musée du Montparnasse, la Bellevilloise, seront le cœur battant de toute la Caraïbe culturelle. Ils vont offrir au public une profonde immersion dans tout ce que l’espace géographique caribéen compte de création contemporaine : musique, littérature, arts visuels, sciences sociales et cinéma.

Trois questions à Coline-Lee Toumson, directrice du festival

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Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi le thème de l’« Amazone » ?

Coline-Lee Toumson :
Vibrations Caraïbes est un festival thématique pluridisciplinaire. Chaque volet artistique vient apporter un éclairage sur le thème. Pour cette cinquième édition, nous avons voulu interroger la figure féminine, sa place, son rôle, mais surtout la dimension symbolique que revêtent les femmes dans les cultures caribéennes. Par ailleurs, nous avons voulu faire un clin d’œil appuyé aux amazones, ces puissantes armées de femmes de l’antique grand royaume africain d’Abomey.

Afrik.com : On note la participation d’artistes africains. Pourquoi cette ouverture ?

Coline-Lee Toumson :
Nous avons en fait toujours pratiqué cette ouverture qui participe de la dimension transculturelle. Il s’agit de mettre en exergue les réminiscences africaines dans le processus de création artistique caribéen. Les cultures dans cet espace sont afro-descendantes. Il y a donc toujours eu des échos d’Afrique. L’Afrique est la part primordiale dans le processus de création artistique des Caraïbes qui elles-mêmes sont un carrefour rassemblant divers apports culturels. Mina Agossi est un peu ce lien entre l’Afrique et les Caraïbes. Ces liens sont tels que l’histoire nous apprend que le roi Béhanzin a fini ses jours en Martinique.

Afrik.com : L’édition de cette année rend hommage à deux artistes, Toto Bissainthe et Jeny Alpha. Pourquoi ce choix ?

Coline-Lee Toumson :
Ces femmes sont des pionnières. Elles ont été les premières artistes caribéennes de dimension internationales. A la fois chanteuses et comédiennes professionnelles, elles ont fortement marqué leur époque et ont ouvert la voie à de nombreux autres artistes. On a donc voulu montrer cette dimension de pionnières. Elles font désormais partie du patrimoine culturel des Caraïbes. Elles servent de balises culturelles et artistiques.

Côté musique, on notera notamment la participation de la diva Jocelyne Beroard des Kassav’, qui entre deux avions – elle revient d’Angola – a accepté de rehausser de sa présence l’éclat du festival. Emeline Michel, la voix emblème d’Haïti sera également de la partie. Tout comme les Calypso Queens de Trinidad et Tobago et des Bahamas (Diana Hamilton et Calypso Rose), les ambassadrices du Vocal Afro Jazz, Martha Galarraca et Mina Agossi. Plusieurs écrivaines et auteures travailleront autour de la Martiniquaise Fabienne Kanor, tandis que Suzy Landau et Valérie John toutes deux également de la Martinique seront les chefs de file des artistes plasticiens. L’instant de cogitation sera animé par Myriam Cottias, Directrice de recherche à l’université Antilles-Guyane Shoelcher et membre associée au Centre de recherches historiques (CRH).

Hommage à la femme

Forte d’une programmation pluridisciplinaire, l’édition de cette année s’inscrit dans la droite ligne de l’ouverture au continent africain, avec la participation notable de la chanteuse de jazz franco- Béninoise Mina Agossi et d’Angel Etoundi Essamba (Cameroun). Elle a pour thème générique « Les amazones », en référence aux fameuses femmes soldats de l’ancien royaume africain d’Abomey et est dédiée à Toto Bissainthe et Jenny Alpha, deux chanteuses et comédiennes qui dans les Caraïbes font figure d’artistes pionnières au XXe siècle. Née en 1934 au Cap Haïtien, Toto Bissainthe était à la fois chanteuse, compositrice, comédienne et actrice. Au début des années 50, elle a rejoint Paris pour suivre des cours d’art dramatique au Conservatoire. Proche du groupe d’Aimé Césaire, elle a créé en 1966 La tragédie du Roi Christophe pour le théâtre de la Tempête sous la direction de Jean-Marie Serreau. A partir de 1962, elle crée un répertoire de chansons en créole et adapte des textes d’écrivains haïtiens tels que Syto Cavé et Georges Castera tout en s’intéressant à la tradition vaudou. Elle s’est éteinte en 1994 à Haïti.

Décédée le 8 septembre Paris après avoir enregistré un disque à plus de 100 ans, la martiniquaise Jenny Alpha est considérée comme l’une des comédiennes antillaises les plus importantes de notre époque, avec plus de 50 ans d’une carrière artistique. A travers ces deux voix féminines c’est à toutes les femmes dans leur diversité culturelle, leurs actes de création, leur place centrale dans l’organisation sociale afro-caribéenne que le festival entend rendre hommage. Avec en prime, l’exploration des mythes et mythologies qu’elles nourrissent dans les Caraïbes.
Le festival sera clôturé dimanche 14 novembre la Bellevilloise par un bal créole autour de la nouvelle scène créole: Steevy Mahy, Goldee et Inès.

Pour plus d’informations:

 Le site Vibrations Caraïbes

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