Ouverture du champ audiovisuel en Algérie


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Qui aurait pu croire en une telle avancée dans un pays fermé et isolé du reste du monde durant plus d’une dizaine d’années. Du moins en ce qui concerne le paysage audiovisuel privé. La révolte arabe a amené le régime en place à se conformer aux exigences actuelles du monde moderne pour éviter une sortie cataclysmique sous le verdict de la rue.

Conséquence directe des révolutions arabes en cours, l’ouverture du champ audiovisuel en Algérie, et l’élaboration prochaine d’une loi spécifique, amène plusieurs acteurs à exprimer leur satisfaction, mais non sans réserve. L’incertitude plane toujours même si l’espoir de voir le pays s’ouvrir sur le monde est réel. Le gouvernement algérien a parfaitement conscience des conséquences qui peuvent en découler. Il se rend finalement compte de la nécessité d’installer les nouveaux mécanismes de production, revoir les structures et consacrer une industrie audiovisuelle forte qui accompagnerait la série de réformes entamée dans le sillage des révoltes arabes. Sans pour autant laisser libre cours aux partisans de la vraie volonté de rénover… Ainsi les futures nouvelles chaînes privées seront soumises à un cahier des charges imposé par le nouveau Conseil supérieur de l’audiovisuel qui promet d’être très méticuleux dans le traçage des contours. En plus du fait d’assurer la concurrence et d’apporter plus de créativité et plus de qualité aux programmes des télévisions publiques, cette ouverture doit permettre à l’Algérie d’être au diapason avec ses voisins du vieux continent comme l’Espagne, la France, l’ Angleterre ou l’ Italie. Cette ouverture devra booster la production audiovisuelle et permettre à la concurrence de s’instaurer. Il reste maintenant à savoir si les textes d’application qui seront promulgués seront élaborés en concertation avec les professionnels du secteur en espérant que ces derniers soient aussi représentés à l’intérieur de l’Autorité de régulation.

L’approbation par le Conseil des ministres, du projet de loi organique relatif à l’information fait entrer le pays dans une nouvelle ère médiatique. Ce texte, qui amende celui de 1990 prévoit que l’agrément se fera, d’une part par une autorité de régulation de la presse écrite dont la moitié des membres sera nommée par le Chef de l’État et le Parlement, alors que l’autre moitié par les journalistes et d’autre part par une autre autorité de régulation qui aura la charge de l’audiovisuel.

La déontologie et l’éthique de la presse sont évoquées dans ce projet de loi qui prévoit également la mise en place, sans en préciser les conditions, d’une instance nationale. Celle-ci devrait être élue par les professionnels des médias. Le nouveau texte propose une assise juridique à l’octroi de l’aide de l’État à la presse, non sans conforter les journalistes dans la sauvegarde de leurs droits sociaux et professionnels.

Le texte limite ses dispositions pénales aux seules infractions directement liées à l’activité de presse et exclut toute peine privative de liberté. Autrement dit, la première mouture proposée par Nacer Mehal, ministre de la Communication, a été rejetée. Dénoncé par la presse, ce projet avait maintenu les peines de prison pour les journalistes malgré la promesse faite publiquement par le président de la République de ne plus conduire les professionnels des médias aux pénitenciers. Les prochains jours devraient révéler les lignes rouges à ne pas dépasser.
« L’ouverture du champ audiovisuel au privé dans notre pays est une excellente initiative qu’il faut saluer même si elle est entreprise dans un climat de peur et d’incertitude, né de la révolte arabe qui a emporté bien des régimes. Il faudra maintenant attendre de savoir les vraies intentions du pouvoir quand les chevaliers de la plume toucheront à ses intérêts et révèleront ses tares » indique un journaliste de l’audiovisuel sous couvert de l’anonymat.

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