
L’Afrique du Sud lance ce vendredi un processus inédit de dialogue national citoyen pour redéfinir l’avenir de sa démocratie. Malgré les polémiques et les désistements de dernière minute, cette première convention nationale entend donner la parole aux Sud-Africains face aux défis persistants du pays.
L’Afrique du Sud entame aujourd’hui à Pretoria deux jours de discussions citoyennes pour faire un état des lieux des préoccupations du pays. L’événement, qui se déroule à l’université d’Afrique du Sud (UNISA), constitue une préparation au grand dialogue national et « l’ouverture d’un nouveau chapitre de la démocratie » selon les autorités.
Les discussions qui débutent aujourd’hui vont porter sur l’état de l’éducation, l’économie, la pauvreté, les inégalités, les violences sexistes et sexuelles – un fléau qui prend de l’ampleur en Afrique du Sud –, ainsi que sur la gouvernance et la cohésion sociale. Tous les secteurs du pays ont été conviés à ces échanges qui auront pour finalité d’apporter des recommandations permettant au gouvernement de nourrir le dialogue national prévu dans les prochains mois à travers le pays, voulu par le président Cyril Ramaphosa.
Une organisation controversée malgré la détermination présidentielle
La convention nationale qui débute aujourd’hui a néanmoins subi un accouchement difficile en raison de nombreuses critiques qui ont fusé de toutes parts il y a quelques jours. Pas moins de sept fondations notables sud-africaines ont quitté l’équipe d’organisation de cette première convention, parmi lesquelles les fondations des activistes anti-apartheid Oliver Tambo et Desmond Tutu, ainsi que la fondation dirigée par l’ancien président Thabo Mbeki.
Dans un communiqué commun, ces fondations avaient expliqué que ce rendez-vous, censé faire état des lieux des défis du pays, avait été organisé dans la précipitation sans objectif clair et que la société civile n’avait pas été assez impliquée dans les préparatifs. Elles demandaient son report au mois d’octobre prochain.
Demande que le gouvernement a ignorée, le président Cyril Ramaphosa ayant insisté sur le fait que « la Convention nationale doit avoir lieu pour que le peuple sud-africain puisse prendre possession et contrôle du Dialogue national ». Boichoko Ditlhake, président du comité d’organisation, a quant à lui déclaré que « le départ des différentes fondations n’aura pas d’impact sur la convention nationale. En revanche, cela nous montre encore une fois qu’en ce moment historique pour les Sud-Africains, nous devons renforcer notre capacité à nous parler ».
Entre scepticisme politique et espoirs citoyens
Si le parti d’opposition Alliance démocratique, qui a refusé de participer à la convention nationale en invoquant un coût d’organisation trop important, estime que cet événement aura plus de discussions que d’actes, pour la plupart des jeunes Sud-Africains, l’espoir de voir éclore des préoccupations et des actes forts au terme de cette convention et du dialogue national est grandissant.
Cette attente s’explique face à une Afrique du Sud qui fait régulièrement parler d’elle dans les domaines de la corruption, du grand banditisme, de la guerre des gangs, de la pauvreté et, encore aujourd’hui malheureusement, d’actes de racisme avérés.