
Après la controverse de 2021, l’Ouganda se prépare à un nouveau duel électoral entre le président sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis près de 40 ans, et son opposant Bobi Wine. Dans un pays où plus des trois quarts de la population a moins de 35 ans, cette élection présidentielle de janvier 2026 s’annonce décisive pour l’avenir démocratique du pays.
Mardi dernier, lors d’un événement organisé à Kampala, les autorités électorales de l’Ouganda ont validé la candidature de Yoweri Museveni, président sortant, et mercredi ces mêmes autorités ont validé la candidature de son farouche opposant Bobi Wine pour l’élection présidentielle de janvier 2026. L’Ouganda est un pays d’Afrique de l’Est qui a, selon l’agence des Nations unies pour l’enfance, la deuxième population la plus jeune du monde avec plus des trois quarts de ses habitants âgés de moins de 35 ans.
Museveni : 40 ans de pouvoir et une succession familiale en vue.
Après près de 40 ans de règne, en 2017, les législateurs ougandais ont supprimé la limite d’âge constitutionnelle pour la présidence, permettant au président sortant Yoweri Museveni d’être candidat à sa propre succession. Chef du parti au pouvoir, le Mouvement de résistance nationale (NRM), il a, après l’annonce de son investiture en tant que candidat, exhorté ses partisans à le soutenir en déclarant que ses objectifs étaient de « convaincre le peuple ougandais de ce qui a été accompli dans le passé et de ce que nous prévoyons de faire maintenant ».
Museveni a accédé au pouvoir par la force en 1986, renversant son prédécesseur Milton Obote. Élu officiellement depuis 2001, ses réélections sont souvent mises en cause et entachées d’allégations de truquage et d’ingérence de l’armée dirigée aujourd’hui par son fils qui, pour certains observateurs, pourrait le remplacer à la tête de l’État. Ces allégations avaient toutes été niées par les autorités électorales.
Kampala a vibré au rythme d’une campagne très poussée de la part du camp présidentiel avec pour priorités pour ce mandat : la création de richesses, les infrastructures, la lutte contre la criminalité, l’éducation, l’amélioration de la santé, de l’approvisionnement en eau et la lutte contre la corruption. Un programme dont on peut donter, mais qui a pour objectif de convaincre les habitants susceptibles de soutenir son challenger Bobi Wine, en qui certains ont mis leurs espoirs pour un changement de gouvernement et un avenir plus radieux.
Bobi Wine : l’espoir d’une jeunesse en quête de changement
Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, est âgé de 43 ans et ancien chanteur. Tirant profit de sa popularité, il a réussi à se faire une vaste base de soutien parmi les jeunes électeurs. Chef du parti National Unity Platform (NUP), il est l’adversaire le plus virulent du président Museveni depuis des décennies.
En juillet dernier, il dénonçait un climat politique délétère en Ouganda à l’approche des élections présidentielles, atmosphère marquée par des menaces croissantes et régulières de la part du fils de Museveni, chef de l’armée Muhoozi Kainerugaba. Craignant pour sa sécurité, Bobi Wine bénéficie d’une majorité de soutien parmi les classes populaires des zones urbaines et dispose avec son parti du plus grand nombre de sièges de tous les partis d’opposition à l’Assemblée nationale, malgré sa large défaite en 2021.
Lors de l’élection de 2021, Bobi Wine avait obtenu 35 % des voix contre 58 % pour Museveni, un pourcentage considéré comme étant le pire résultat de l’histoire du président sortant. Raison pour laquelle le scrutin de janvier 2026 est déterminant et promet un face-à-face des plus rudes, comme cela a souvent été le cas entre les deux hommes.
Car en 2021, l’opposition avait déclaré que sa victoire avait été volée par un bourrage des urnes, l’intimidation par les forces de sécurité et d’autres irrégularités, annonçant néanmoins que la lutte pour la démocratie en Ouganda ne s’arrêterait pas en si bon chemin. Un chemin qui risque d’être assez dur à parcourir avec l’ancrage que le fils du président prend depuis qu’il est en charge des forces de sécurité et se pose auprès de son père en tant que successeur légitime du siège présidentiel.