Otages au Cameroun : Fabius dément toute rançon


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Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a démenti vendredi l’information selon laquelle une rançon a été payée à Boko Haram pour obtenir la libération de la famille Moulin-Fournier détenue pendant deux mois par la secte islamiste.

Selon Fabius, aucune rançon a été payée. L’agence de presse Reuters affirme s’être procuré un rapport confidentiel du gouvernement nigérian qui atteste le paiement d’une rançon d’un montant de 2,4 millions d’euros à Boko Haram pour la libération de la famille Moulin-Fournier, le 19 avril.

Une information que les autorités françaises réfutent. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, vendredi, le ministre français des Affaires étrangères dément toute rançon. « Après l’enlèvement, je suis entré en relation avec les présidents Goodluck Jonathan (Nigeria) et Paul Biya (Cameroun). Ils se sont montrés très attentifs et ont souhaité s’impliquer dans le règlement de cette situation dramatique, notamment le président Biya », déclare le chef de la diplomatie française. Et de préciser : « A aucun moment, d’autres éléments ne sont intervenus dans la discussion. […] Nous respectons la règle fixée par le président de la République : la France ne paie pas de rançon. Il faut bien comprendre que si l’on suit une autre logique, on expose davantage encore nos ressortissants ».

Reuters précise, par ailleurs, que le Cameroun a également libéré des prisonniers membres de la secte islamique en échange de la libération des sept otages français enlevés le 19 février à l’extrême nord du Cameroun.

Les révélations de l’agence de presse étayent celles révélées par I-télé, qui parlait d’une rançon de 7 millions de dollars et de la libération de 16 détenus de Boko Haram. Si comme Laurent Fabius, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ne s’est pas prononcé sur la libération des dignitaires de la secte islamiste, il a lui-aussi remis en cause la version de la chaîne française.

Hollande et Fabius ont menti ?

Les révélations de I-télé et Reuters viennent en tout cas démentir la version fournie par le président français François Hollande. L’occupant actuel de l’Elysée avait affirmé catégoriquement que, aucune rançon n’avait été versée.

« Vous connaissez la position de la France : nous recherchons tous les contacts, nous utilisons les intermédiaires qui sont les plus utiles, mais nous ne cédons pas sur les principes », avait rappelé François Hollande, le 19 avril lors d’un point presse. Questionné sur le versement de rançons, le président français avait assuré : « Je crois avoir été suffisamment clair pour dire que nous ne changeons pas notre principe, qui est le non versement par la France de rançons ».

En ce qui concerne la requête de Boko Haram sur la libération de ses dignitaires détenus au Cameroun et au Nigeria, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius l’avait même jugée « hors de portée de la France ».

Rappelons que huit (autres) Français sont actuellement détenus en Afrique subsaharienne. Paris s’est toujours refusé de céder aux revendications de la secte islamiste. De peur de renflouer les ravisseurs et de favoriser un appel d’air. Les choses ont changé ?

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