Olives et humour noirs


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Les olives noires, tome 3
Les olives noires, tome 3

Le troisième tome des Olives noires, signé Guibert et Sfar, vient de paraître. Dans la Jérusalem antique, le petit Gamaliel assiste à l’oppression des Juifs par les Romains. Une BD où humour, histoire et politique font très bon ménage.

Les aventures du petit Gamaliel continuent avec le troisième tome des Olives noires. Emmanuel Guibert et Joann Sfar pénètrent cette fois au coeur de la Jérusalem antique. Gamaliel veut libérer son père, enlevé par les Romains. Son ami Josué l’accompagne toujours. Juif intégriste, esclave des dogmes, couard, borné, malingre et de mauvais caractère, Josué n’en est pas moins un ami fidèle. Et des banlieues de la cité sainte aux jeux du cirque, il se laisse guider par le petit garçon. Sur fond d’une ville au bord de l’explosion. La haine entre Juifs et Romains est toujours en arrière-plan… et prend des proportions inquiétantes.

Gamaliel l’effronté

Le vrai talent du couple Sfar-Guibert demeure cette faculté à faire baisser soudainement la tension par l’échappée d’un humour terriblement malin. Scènettes burlesques entrecoupées de mythes, de religion, de traditions, de politique… à la poursuite d’un jeune Gamaliel qui n’en fait qu’à sa tête. « Où est-il passé ? » « Je ne sais pas. Vous parliez comme des cons. Moi je regardais les jeux. J’ai rien vu. » « Là-bas, le voilà » « Non, ça c’est un nain »… Et l’aventure de continuer, tout le monde, Josué en tête, cherchant encore et encore à rattraper Gamaliel l’effronté.

Magie de l’innocence. L’enfant navigue entre les classes sociales, passe les murs, franchit toutes les portes. Rebelle aux commandements qu’il juge absurdes, guidé par la curiosité. Tour à tour attendrissant ou colérique. « Laisse, c’est un gosse », disent les Romains sur son passage. A l’ombre de ces aventures, Josué l’intégriste doit déployer des trésors d’imagination. « Et l’autre, là-bas, qu’est-ce qu’il manigance, planqué derrière un arbre ? Qu’est-ce que tu fous, tu nous espionnes ? », demandent ces mêmes Romains à l’ami du petit garçon. Vite, trouver une excuse. « Pas du tout, je faisais la cérémonie de l’hommage aux cyprès. C’est une prière que les juifs doivent faire en se frottant les genoux contre l’écorce d’un arbre. », invente tout content Josué, illustrant son propos de quelques génuflexions grotesques contre le dit cyprès. « Et t’as fini ? » « Oui » « Bin casse-toi ».

Du rire dans les larmes. Faisant toujours parler leurs personnages dans un français très actuel, Guibert et Sfar manient l’humour et le pinceau pour faire passer une histoire pourtant bien sombre. Les Olives noires reste un conte pénétrant sur l’intolérance et l’oppression.

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