Nouvelles menaces de troubles sur le Burundi ?


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Les tueries se multiplient au nord-ouest de Bujumbura depuis deux semaines. Le pouvoir attribue officiellement ces crimes à des « bandits », mais semble dans son enquête viser certains responsables de l’opposition. L’armée a été déployée dans la région. L’opposition qui souhaitait s’exprimer sur la question a été interdite de tenir une conférence de presse.

Le Burundi renoue-t-il ses vieux démons? Deux mois après les élections générales dont les résultats favorables au régime du président Pierre Nkurunziza ont été fortement contestés par l’opposition, une vague d’assassinat secoue ce pays d’Afrique de l’est. En deux semaines, au moins quatorze cadavres ont été découverts dans le nord-ouest de Bujumbura, la capitale, une zone couverte de marais et frontalière de la République démocratique du Congo (RDC). Les premiers corps ont été retrouvés la semaine dernière, et les quatre derniers ce mardi. Certains de ces cadavres étaient ligotés tandis que d’autres portaient traces de mutilation à la machette. Plusieurs personnes parties travailler dans la région seraient également portées disparu. Les forces de sécurité ont lancé une opération de ratissage dans la région, dans le but d’appréhender les auteurs des tueries.

Officiellement, les autorités burundaises attribuent ces atrocités à des « des bandits armés non identifiés ». Cependant, certains observateurs, y compris dans l’armée, soupçonnent un réveil de la rébellion dans cette zone.

Jeudi, quatre personnes ont été arrêtées lors d’une perquisition menée par les forces de sécurité, au domicile du chef du Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD), le parti de l’ancien journaliste Alexis Sinduhije, parti en exil depuis deux mois. Les policiers ont annoncé avoir mis la main sur vingt ténues de combats de l’armée « flambant neuves, toujours dans leur emballage d’origine ». Sous anonymat, un haut gradé de l’armée à confié à l’AFP que « La bande qui sévit dans les marais de Rukoko est constituée essentiellement de Tutsi sous les ordres d’Alexis Sinduhije ». Une accusation démentie par le MSD. « Il s’agit d’un pur montage destiné à démolir le MSD, en en faisant le responsable des actes de violence que nous constatons aujourd’hui », a réagi le porte-parole du parti, François Nyamoya, ajoutant que le mouvement réprouve la violence comme moyen.

Vendredi, les principales formations d’opposition souhaitaient s’exprimer sur la question, mais les autorités les en ont empêchées. La conférence de presse que l’Alliance des démocrates pour le changement au Burundi (ADC-IKIBIRI), une coalition regroupant plusieurs partis, souhaitait donner à Rohero, au centre de Bujumbura, n’a en en effet pas eu lieu du fait de l’intervention de la police. « En envoyant les policiers, le pouvoir n’a pas voulu que la vérité éclate au grand jour », a commenté le président du Front pour la démocratie du Burundi (FRODEBU), Léonce Ngendakumana.

Le Burundi sort difficilement d’une longue guerre civile qui a fait près de 300 000 morts en 13 ans, entre 1993 et 2006.

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