Nigeria : vers la fin de Boko Haram ou énième effet d’annonce de l’armée?


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Le chef d’état-major des forces armées du Nigeria a annoncé, mardi, que les combattants de Boko Haram avaient été repoussés de la quasi-totalité du nord-est du pays. Serait-ce encore un nouvel effet d’annonce de l’armée ?

Une fois de plus, l’armée nigériane annonce avoir pris le dessus sur les combattants de Boko Haram. Le chef d’état-major des forces armées a en effet annoncé à la presse, ce mardi 17 mars 2015, que les combattants de Boko Haram avaient été repoussés de la quasi-totalité du nord-est du pays. Alors qu’au début de l’année, le groupe armé tenait une vingtaine de districts locaux, il n’en n’ont plus que trois, selon le chef d’état-major. « Et nous sommes optimistes sur nos chances de libérer ces gouvernements locaux avec le temps », a-t-il déclaré.

Un discours prometteur certes. Sauf que ce n’est pas la première fois que l’armée nigériane fait ce genre d’annonce avant de perdre la face devant Boko Haram. Elle avait été désavouée en septembre 2013 par exemple lorsqu’elle avait annoncé la mort d’Abubakar shekau, chef du groupe terroriste.

Le groupe armé ne semble pas encore avoir dit son dernier mot, bien qu’il ait subi de lourdes pertes depuis que les armées du Tchad, du Niger et du Cameroun ont décidé de prendre le taureau par les cornes.

Multiplication des attaques durant la campagne présidentielle

Il faut dire que le Nigeria est actuellement en ébullition face aux élections générales, dont la Présidentielle, prévues le 25 mars. Les autorités ont donc intérêt à contenir rapidement la menace Boko Haram pour éviter que le scrutin soit perturbé. Le groupe armé avait particulièrement multiplié les attaques pendant la campagne électorale, notamment dans le nord du pays. On se souvient encore de l’attaque qui avait visé le Président Goodluck Jonathan à Gowé, alors qu’il venait de finir son discours dans un stade. Deux femmes s’étaient fait exploser à peine cinq minutes après son départ du stade. Encore un avertissement de insurrection armée face aux autorités nigérianes.

Plus de 13 000 personnes au moins ont péri sous la coupe de Boko Haram. Créé en 2002, le groupe ne s’attaquait au départ qu’aux symboles étatiques. Puis au fur et à mesure, son visage s’est assombri, notamment à partir de 2009, lorsqu’Abubakar Shekau en a pris la direction. Ce dernier est réputé pour sa férocité. Mais Boko Haram serait avant tout né de frustrations sociales dans le nord du pays, abandonné à son sort par l’Etat. Face à la pauvreté, la misère, le chômage des jeunes, le groupe aurait pu aisément gonfler ses rangs, enrôlant notamment des jeunes désœuvrés, désorientés, sans perspectives d’avenir.

Comme l’affirme cette source, postée à l’extrême du nord du Cameroun, qui s’est confiée à Afrik.com, « Boko Haram c’est tout le monde, c’est les jeunes, les femmes, les pères de familles en colère face aux manquements de l’Etat à leur égard !».

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