Niger : quand le Fima milite pour l’entreprenariat des jeunes


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Photo de famille du forum e-business et mode

Le Festival international de la mode africaine (Fima) contribue à sa manière à lutter contre le chômage des jeunes au Niger où il se tient jusqu’au 1er novembre prochain. Un forum a été consacré à l’entreprenariat et ces derniers ne manquent pas d’idée quand il s’agit de faire des affaires. Ils sont prêts par exemple à se lancer dans l’exportation de kilichi, la viande séchée « made in Niger ».

SONIKI pour Société nigérienne de kilichi, cette fine viande séchée, dont le Niger s’est fait une spécialité. Cette entreprise est née de l’imagination d’un groupe d’étudiants de l’Institut international de management (IIM) – Université, école basée à Niamey, qui a participé à l’atelier entreprenariat et e-business du 27 au 29 octobre. Il s’est tenu dans le cadre du forum consacré à la mode et au e-business organisé en marge du Festival international de la mode africaine (Fima) qui s’achève le 1er novembre au Niger.

Aïchatou et Ibrahim lors de la présentation jeudi du projet Soniki« Le kilichi a été choisi parce que nous nous sommes rendus compte qu’à chaque fois que les gens voyagent, ils en emportent, explique Aïchatou Alio Sanda, 19 ans, étudiante en deuxième année à l’IIM. Ce qui témoigne d’une demande à l’international. Par ailleurs, c’est un produit qui est bon, que nous adorons également. Il nous est paru normal de valoriser ce produit typique du Niger et le savoir-faire dont il témoigne.» Faire émerger et entretenir l’esprit d’initiative parmi les jeunes est l’une des ambitions de ce Fima 2009 que le styliste nigérien Alphadi, son fondateur, dit « dédié à la jeunesse nigérienne et africaine ».

S’emparer des outils du e-business

Mahamane Haro Wadah et Alain Deppe
Mahamane Haro Wadah, professeur à Euromed management, établissement professionnel de gestion et présent sur trois continents, explique l’objectif de l’atelier qu’il a animé. « Sensibiliser les jeunes à l’entreprenariat est primordial dans la mesure où il y a de nombreux diplômés qui sortent des universités et des écoles et nos Etats africains n’ont pas la capacité d’absorber cette masse. L’alternative pourrait être le secteur privé mais il se trouve qu’il n’en a pas toujours les possibilités. L’un des choix qui s’impose alors est l’auto-emploi qui équivaut à l’entreprenariat ». Le e-business devrait être un corde de plus à l’arc des futurs entrepreneurs. Notamment « pour des jeunes formés à des techniques classiques de managament », note Alain Deppe, professeur d’économie et de gestion à l’université de Picardie, en France, et co-animateur de l’atelier. Le e-business consiste « à essayer de transformer les pratiques managériales en véhiculant les informations – textes, images, données, sons – par tout moyen électronique (clé USB, CD, DVD, tout support qui permet de numériser ses informations). L’Internet n’étant qu’un moyen parmi d’autres de parvenir à la numérisation. »

« Dans le schéma classique, poursuit-il, ce qui est rare est cher. Dans le schéma numérique, ce qui est rare ne vaut rien. Si vous êtes tout seul à être connecté sur Internet, la valeur ajoutée du réseau est quasiment nulle. L’idée est d’amener les étudiants à développer des réseaux, à s’intéresser aux problématiques de l’Internet. On peut commencer avec un blog pour plus tard développer un site. La problématique managériale s’installe ensuite parce que les jeunes vont acheter ou vendre sur Internet, faire de la gestion électronique des achats, de la relation clientèle, etc… »

La fonction publique ne rime plus avec emploi

En attendant de voler de leurs propres ailes dans le milieu des affaires, l’atelier entreprenariat et e-business semble avoir répondu à l’aspiration de certains.« Nous voulons êtres indépendants, insiste Ibrahim Barmou Maïdaji, 23 ans, l’un des promoteurs de la société virtuelle SONIKI, nous réaliser et ne pas être sous la tutelle de l’Etat ». « Nous avions besoin d’être outillés pour réaliser nos ambitions, ajoute-il. Par conséquent, cet atelier nous a été d’une grande aide dans la mesure où on nous a indiqué les grandes lignes des procédures à suivre ».

Au centre, Ousseini Salatou (costume noir)
Au Niger, le désir de jeunes comme Ibrahim de ne pas avoir pour seul horizon la fonction publique est encouragé par l’Etat. C’est la raison d’être depuis 2007 d’un ministère de la Promotion des jeunes entrepreneurs et de la Réforme des entreprises publiques, partenaire du forum du Fima. « Il a été créé, explique son responsable, Ousseini Salatou, parce que le Niger est conscient du fait que les structures étatiques ne peuvent pas résorber le chômage. Il fallait donc aider et accompagner les jeunes à amorcer leurs propres projets et avoir leurs propres entreprises. Ce qui contribuera à réduire le chômage et à créer des richesses. »

Photo de famille du forum e-business et mode
Le ministère souhaite notamment faciliter l’accès des jeunes au financement en apportant sa garantie aux opérateurs bancaires et financiers. Pour l’heure, ce dernier devrait lui-même bénéficier d’un budget supplémentaire de 5 milliards de F CFA, a annoncé jeudi Ousseini Salatou à la fin du forum mode et e-business.

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