Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a perpétré un double attentat ce jeudi qui a visé un camp militaire à Agadez, la grande ville du nord du Niger, et un site d’uranium d’Areva à Arlit. Au moins 23 personnes ont trouvé la mort, dont un collaborateur de la filiale du groupe français d’énergie.
Le bilan est lourd : au moins 23 personnes ont trouvé la mort dans le double attentat perpétré ce jeudi par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), contre un camp militaire à Agadez, la grande ville du nord du Niger, et un site d’uranium d’Areva à Arlit.
« Un premier bilan à Agadez fait état de 23 morts: 18 militaires nigériens, un civil et quatre kamikazes. Un cinquième, toujours en vie, retient les otages. Le gouvernement compte aussi 13 blessés, dont six graves », rapporte LExpress.fr. Et d’ajouter : « A Alrit, Areva a annoncé le décès d’une des personnes touchées et compte par ailleurs 14 blessés. Toutes les personnes touchées étaient des collaborateurs nigériens d’Areva, et ont été prises en charge et hospitalisées à Somair ».
Un précédent bilan faisait état de 10 morts à Agadez et de 13 blessés, tous collaborateurs du la filiale de Areva à Arlit. « La mine de Somaïr, exploitée par Areva, a fait l’objet d’une attaque terroriste ce matin aux environs de 05H30 heure locale », a indiqué le groupe français de l’énergie ce jeudi matin qui « condamne cette attaque odieuse » contre ses personnels dans un communiqué. « Les 13 blessés sont tous de nationalité nigérienne », a fait savoir un porte-parole de la société nucléaire française à l’AFP, sans donner plus de précision sur leur état. Et de préciser que les blessés sur son site ont été pris en charge par les services de secours locaux ; prévoyant un renforcement de la sécurité, assurée par les forces nigériennes, sur ses sites.
Le Mujao revendique
Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui sévit au Mali depuis janvier 2012, a revendiqué le double attentat.
« Grâce à Allah, nous avons effectué deux opérations contre les ennemis de l’islam au Niger », a déclaré le porte-parole Abu Walid Sahraoui. « Nous avons attaqué la France, et le Niger pour sa coopération avec la France dans la guerre contre la charia », a-t-il souligné.
Cette revendication contredit les affirmations du ministre nigérien de la Défense, qui accusait les « peaux rouges » (Touaregs) d’être les auteurs de ces attaques terroristes. Contacté par Afrik.com, Michel Galy, politologue et sociologue travaillant sur le Mali, reconnaît la méthode du Mujao, groupe terroriste affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) : « Le mode opératoire employé c’est typiquement la technique sacrificielle propre aux groupes jihadistes tels que le Mujao, Aqmi voire Boko Haram. A priori, ce ne seraient donc pas les Touaregs qui ont perpétré ce double attentat », explique-t-il avant d’ajouter : « On peut alors parler de l’extension de la guerre malienne au Sahel ».
Trois jours de deuil national
A la suite de ce double attentat, la France, dont le groupe d’énergie a été attaqué, a réagi. Paris appuiera « tous les efforts » du Niger pour « faire cesser » la prise d’otages à Agadez, a affirmé le président français François Hollande.
Le lourd bilan de ces attaques terroristes a poussé les autorités nigériennes à décréter, pour leur part, trois jours de deuil national à compter d’aujourd’hui. D’autant qu’il s’agit des premiers attentats de ce genre dans l’histoire du Niger, pays pauvre et sahélien, engagé depuis début 2013 au Mali voisin contre des mouvements jihadistes.
Avec ce double attentat, dont un contre les intérêts français, le Mujao se venge de l’engagement de la France et du Niger dans la guerre au Mali.
