Niger : le charbon minéral pour lutter contre la désertification


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Le gouvernement nigérien envisage d’exploiter les réserves nationales de charbon minéral pour lutter contre la désertification. Une mesure qui vise à réduire les coupes sauvages de bois à des fins domestiques et à atteindre une autosuffisance énergétique.

Par Vitraulle Mboungou

Le Niger, un des pays les plus pauvres d’Afrique, perd chaque année 100 000 hectares de surfaces boisées, notamment à cause des coupes pour le bois de chauffe, principale source d’énergie pour les ménages, mais aussi pour les constructions et l’artisanat. Face à ce constat quelque peu dangereux pour la forêt nigérienne et qui favorise la désertification, le gouvernement a décidé d’exploiter les réserves de charbon minéral situées dans le Sud du pays. Les autorités visent par ailleurs l’autosuffisance en matière d’énergie électrique. Une initiative qui coincide avec la découverte d’un gisement en passe d’être exploité. Abdoul Razack Amadou, Secrétaire général du ministère des Mines et de l’énergie s’est confié à Afrik, à propos de ce projet gouvernemental.

Afrik : Pourquoi avez-vous décidé, aujourd’hui, d’exploiter le charbon minéral ?

Abdoul Razack Amadou :
Le gouvernement s’inquiète de cette tendance qui tend à se généraliser dans notre pays et qui consiste à couper du bois pour faire du charbon à des fins domestiques, notamment pour faire la cuisine. Notre objectif est donc de répondre aux besoins des ménages nigériens, en luttant par la même occasion contre la désertification dans le pays. Il existe déjà la société nigérienne de charbon SONICHAR, installée depuis 1975 à Anou Araren, dans la région d’Agadez, au Nord qui est chargée de prendre en charge la production du charbon minéral. Mais sa capacité de production reste insuffisante pour le pays, car elle est surtout destinée aux usines. Il a donc fallu trouver une alternative.

Afrik : On peut donc dire que la découverte de ce gisement tombe à pic ?

Abdoul Razack Amadou :
Ce gisement n’a pas été découvert par hasard. Il a été mis en évidence en 2004, par des chercheurs chinois dans le cadre d’un projet d’étude et d’évaluation, lancé en novembre 2003, en application d’un accord de coopération économique et technique entre Niamey et Pékin. Les Chinois nous ont ainsi aidés à financer les travaux de prospection. Il s’agit d’un gisement de 30 millions de tonnes sur un périmètre de 28 km2, à Salkadamna, dans la région de Tahoua, à 650 km au nord-est de Niamey. Il n’est cependant pas encore exploité, car il nous manque les capacités financières. Nous recherchons actuellement des investisseurs financiers, notamment étrangers qui acceptent de participer à ce projet.

Afrik : Avez-vous déjà reçu des réponses ?

Abdoul Razack Amadou :
Nous avons effectivement eu des réponses positives de quelques investisseurs étrangers désireux de nous aider qui commencent à se manifester. Nous pouvons ainsi citer la Banque africaine de développement et des opérateurs de sociétés privées canadiennes. Nous pourrons, avec leur aide, faire des études de faisabilité complètes pour l’exploitation des mines de charbon minéral.

Afrik : Quelles seront les retombées concrètes pour le pays ?

Abdoul Razack Amadou :
Une fois les capacités de production de ce gisement fonctionnelles, ce charbon minéral pourra servir à fabriquer des briquettes de charbon à usage domestique d’une part ; et à produire plus d’énergie électrique. Cela va donc nous permettre d’assurer notre autonomie en énergie et lutter contre la désertification. Notre objectif est aussi d’arriver à le commercialiser à nos voisins, comme le Mali, le Burkina Faso ou le Nigeria.

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