Niger : la liberté d’expression menacée


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Drapeau du Niger
Drapeau du Niger

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres au Niger, l’Association Nigérienne de Défense des Droits de l’Homme (ANDDH) et en France, la Ligue française des droits de l’Homme (LDH) sont vivement préoccupées par l’état des libertés d’opinion et d’expression qui prévaut actuellement au Niger, dès lors qu’il s’agit d’informer sur le conflit qui oppose l’État nigérien au Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ).

Ainsi, le 23 septembre 2007, Moussa Kaka, journaliste nigérien, directeur de la station privée Radio Saraouniya, correspondant au Niger de Radio France Internationale (RFI) a été inculpé de «complicité d’atteinte à l’autorité de l’État» pour avoir réalisé une série de reportages sur le MNJ. Pour avoir exercé son devoir d’information, il encourt la prison à perpétuité. La FIDH et l’ANDDH ont vivement dénoncé l’inculpation et l’incarcération de Moussa Kaka qu’ils considèrent arbitraire [1].

De même, Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication du bimensuel privé Aïr Info, publié à Agadez (Nord), a été arrêté le 9 octobre 2007 et inculpé vingt jours plus tard pour « association de malfaiteurs ». Placé sous mandat de dépôt, il a été transféré à la prison civile d’Adagez. Son affaire est en cours d’instruction. Les autorités l’accusent d’avoir entretenu des « rapports illégaux » avec le MNJ, sur la base d’écoutes téléphoniques.

Deux journalistes français, Thomas Dandois et Pierre Creisson, en reportage au Niger pour la chaîne franco-allemande Arte, sont également incarcérés depuis le 17 décembre 2007. Ils ont été inculpés d’ »atteinte à la sûreté de l’Etat » pour avoir tourné un « reportage illicite » sur le MNJ, selon le gouvernement. Ils étaient détenteurs d’un visa et d’une autorisation de tournage pour un reportage sur la grippe aviaire. La FIDH, l’ANDDH et la LDH déplorent le caractère disproportionné de l’inculpation prononcée à l’encontre de ces deux journalistes.

La FIDH, l’ANDDH et la LDH appellent :

Les autorités nigériennes :

À procéder à la libération immédiate et sans conditions des journalistes Moussa Kaka et Ibrahim Manzo Diallo dans la mesure où les accusations portées contre eux sont basées sur les contacts entretenus avec la rébellion pour réaliser leur devoir d’information ;

À garantir aux deux journalistes français le droit à un procès équitable notamment l’égalité de traitement devant la loi et la proportionnalité des poursuites par rapport aux faits.

À se conformer aux dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et en particulier à son article 9 (2) qui stipule que «toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions», de même qu’aux dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, en vigueur au Niger depuis 1986, et en particulier à son article 19 (1) qui stipule que «nul ne peut être inquiété pour ses opinions» et 19 (2) selon lequel «toute personne a droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix».

La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples :

À se saisir de la question de la liberté d’expression au Niger et, particulièrement, au Rapporteur spécial sur la liberté d’expression en Afrique de réagir publiquement sur ces arrestations.

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