Niger : au moins 17 soldats tués dans l’assaut de l’ISGS contre un poste de gendarmerie à Garbougna


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Des soldats nigériens
Des soldats nigériens

Dans la région instable de Tillabéri, un nouvel épisode de violence meurtrière a frappé le Niger, où une attaque coordonnée contre un poste de gendarmerie a révélé une fois de plus la capacité d’action et la montée en puissance des groupes djihadistes. L’assaut, d’une ampleur inédite dans cette zone stratégique, a déclenché une vaste opération militaire et ravivé les inquiétudes quant à la sécurité du corridor reliant Téra à Niamey.

Au moins 17 soldats nigériens ont perdu la vie, mercredi, lors d’une attaque d’une rare intensité menée par l’État islamique au Grand Sahara (ISGS) contre le poste de gendarmerie de Garbougna, sur l’axe Téra–Niamey, dans la région de Tillabéri. Selon plusieurs sources sécuritaires, l’assaut, survenu en début d’après-midi, a pris les forces nigériennes de vitesse par sa coordination et par l’usage simultané d’armes lourdes et d’engins explosifs improvisés.

Située à près de 120 kilomètres à l’ouest de la capitale, Garbougna occupe une position clé dans un corridor régulièrement ciblé par les groupes armés opérant dans le Sahel. Une attaque a été perpétrée par l’État islamique au Grand Sahara (ISGS) contre le poste de gendarmerie de Garbougna, sur l’axe stratégique Téra–Niamey, dans la région de Tillabéri. L’assaut, qui a coûté la vie à sept soldats, a fait également 34 blessés graves et plusieurs disparus, alors que les opérations de ratissage et de récupération se poursuivaient dans la soirée.

Matériel saisi et repli organisé des assaillants

Les assaillants ont non seulement réussi à pénétrer les défenses du poste, mais aussi à détruire ou saisir des véhicules militaires, avant d’emporter armes et équipements. Cette tactique, désormais classique pour l’ISGS, vise autant à affaiblir les forces de sécurité qu’à renforcer l’arsenal du groupe armé. Selon des sources spécialisées dans la veille sécuritaire régionale, dont le site Zagazola Makama, l’attaque s’est déroulée par vagues successives, forçant les gendarmes encore en état de combattre à solliciter des renforts urgents pendant que les militants pillaient les installations.

L’offensive a également coûté la vie au commandant de la mission déployée sur place. La région de Tillabéri est depuis plusieurs années l’un des théâtres les plus actifs de l’insécurité au Sahel. Les groupes affiliés à Daech ou à Al-Qaïda y opèrent dans des zones où les frontières entre Niger, Mali et Burkina Faso restent difficiles à contrôler. Cette porosité facilite les mouvements rapides de combattants, la planification d’assauts transfrontaliers et la circulation d’armes.

Tillabéri, épicentre de la menace djihadiste au Sahel

L’axe Téra–Niamey, régulièrement visé, est considéré comme l’une des routes les plus dangereuses du pays. Des patrouilles militaires y sont fréquemment déployées, mais les embuscades, attaques éclair et engins explosifs rendent son sécurisation difficile. Pour le Niger, maintenir cette voie ouverte est pourtant essentiel tant pour les échanges commerciaux que pour la mobilité des forces de défense.

La montée en puissance de l’ISGS est également alimentée par l’évolution de la situation sécuritaire au Mali voisin. Depuis 2022, les opérations militaires dans la région de Ménaka, autre fief de l’ISGS, ont redistribué les forces djihadistes, poussant des combattants vers les zones frontalières nigériennes. La dégradation de la sécurité au nord et à l’est du Mali a ainsi créé des pressions supplémentaires sur Tillabéri, où les groupes armés trouvent des espaces pour se replier, se réorganiser et mener de nouvelles offensives.

Renforts déployés et zone en cours de stabilisation

Au Mali comme au Niger, l’absence de contrôle étatique permanent dans certaines régions rurales favorise l’expansion des groupes affiliés à Daech ou au JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans). Les communautés locales, déjà fragilisées par l’insécurité alimentaire et les déplacements, se retrouvent prises dans un cycle de violences que les armées nationales peinent à briser. À la suite de l’assaut, les forces nigériennes ont rapidement dépêché des unités supplémentaires pour sécuriser Garbougna et tenter de retrouver les soldats portés disparus.

Bien qu’aucune déclaration officielle n’ait encore été publiée, plusieurs sources militaires confirment que les opérations se poursuivent dans un périmètre élargi autour du poste attaqué. L’ISGS a revendiqué l’opération peu après son retrait, renforçant sa volonté d’affirmer sa présence sur cet axe stratégique. Pour les autorités nigériennes, cette attaque souligne une nouvelle fois l’urgence de consolider les dispositifs militaires dans la zone dite des « trois frontières », devenue une plaque tournante de l’insurrection djihadiste au Sahel.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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