Niger : 50 ans après, les Touaregs cherchent toujours leur place


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Des touaregs
Des touaregs

Alors que le Niger fête le cinquantième anniversaire de la proclamation de sa République ce jeudi et que le pays est en liesse, on est toujours sans nouvelle du diplomate canadien Robert Fowler, enlevé lundi soir. Le groupe rebelle touareg initialement soupçonné a démenti tout kidnapping. Les représentants officiels présents à Tillabéry ont fait l’éloge du bilan présidentiel de Mamadou Tandja. Le pays, considéré comme un des plus pauvres du monde, a pourtant du mal à intégrer la population touarègue à son économie et sa vie politique.

Il y a cinquante ans, jour pour jour, le Niger devenait une République en proclamant son autonomie par référendum dans le cadre de la consultation organisée par le général de Gaulle. A Tillabéry, ville de l’ouest du pays, qui organise cette année les festivités, on se réjouit de cet événement. Trois mille sportifs et artistes se sont succédé à travers la ville, modernisée et nettoyée pour l’occasion. Quinze kilomètres de route ont été bitumés, une maison culturelle a été construite, un stade omnisport flambant neuf a été inauguré et les éclairages publics ont été renforcés.

Toujours aucune nouvelle de Robert Fowler

Pourtant, cette cérémonie en grande pompe, à laquelle ont assisté des délégations officielles et le président Mamadou Tandja lui-même, parvient mal à cacher les problèmes du pays. Dernier en date : la disparition de Robert Fowler. Depuis lundi soir, les Nations unies sont sans nouvelle du diplomate canadien, représentant spécial du secrétaire de l’ONU pour le Niger. Les responsables du Front des Forces de Redressement (FFR), le groupe rebelle qui avait revendiqué l’enlèvement mardi sur son blog, ont finalement démenti cette information. « Nous avons été victime d’une désinformation par l’usage abusif d’un protocole sécurisé de communication », peut-on lire sur leur site internet.

Le FFR est un mouvement dissident du principal groupe rebelle touareg, le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ). Considérés régulièrement par le pouvoir comme des bandits en armes coupeurs de routes, les différents groupes touaregs affirment lutter pour la juste répartition de la rente uranifère et pour une meilleure représentation au sein des institutions politiques. Aucun gouvernement, civil ou militaire, n’a encore réussi à intégrer cette population du Nord au reste du pays. Très actifs dans les années 1990 et depuis 2007, les rebelles touaregs tiennent en échec l’armée nigérienne au nord du pays, très difficile d’accès.

Alors que le président Tandja a annoncé, mercredi soir, dans son discours à la nation, le démarrage de nombreux grands chantiers, parmi lesquels le projet d’exploitation de l’uranium d’Inouraren (région d’Agadez), selon certaines sources, la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, devrait être à Niamey jeudi. L’entreprise française, qui extrait de l’uranium au nord du pays, est régulièrement visée par la rébellion dont les revendications sont claires. Faire plus de cas de l’impact écologique de ses exploitations sur les populations touarègues locales et redistribuer les dividendes.

Un troisième mandat pour Tandja ?

Aucun mot sur la rébellion touareg ni sur la disparition du diplomate onusien pour autant, l’heure est à la fête et au bilan. « Nous allons témoigner de l’engagement et de la détermination d’un homme qui entend faire du Niger un pays qui gagne », a déclaré Abdourahamane Seydou, président du Comité national d’organisation de la cérémonie et ministre de la Jeunesse et des Sports.

Les Nigériens attendent, quant à eux, de savoir si le président Tandja briguera ou non un troisième mandat à la tête du pays. La constitution les limite à deux, mais de nombreux gouverneurs de région manifestent depuis quelques semaines, de leur propre initiative ou pas, pour le maintien au pouvoir du président.

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