Mort à l’âge de 95 ans : comment le général Aussaresses a torturé des Algériens


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Aussaresses
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Ancien responsable des services de renseignement à Alger pendant la guerre d’Algérie, le général Aussaresses avait été condamné en 2004 pour apologie de la torture et exclu de l’ordre de la Légion d’honneur à l’issue d’un procès qui avait fait grand bruit. Sa mort a été annonce ce mercredi 4 décembre 2013.

Ancien responsable des services de renseignement à Alger pendant la guerre d’Algérie, le général Aussaresses avait été condamné en 2004 pour apologie de la torture et exclu de l’ordre de la Légion d’honneur à l’issue d’un procès qui avait fait grand bruit. Sa mort a été annoncée ce mercredi 4 décembre 2013, alors qu’il était âgé de 95 ans.

Volontaire pour les services secrets en France

Né le 7 novembre 1918 à Saint-Paul-Cap-de-Joux (Tarn), Paul Aussaresses se porte volontaire en 1941 pour les services secrets en France où il avait été parachuté. Plus tard, il participe à la création du 11e Choc, bras armé du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE, future DGSE). En tant que chef de bataillon parachutiste, il sert ensuite en Indochine.

En 2001, il avait admis dans son livre « Service spéciaux, Algérie 1955-1957 » (Perrin), avoir pratiqué la torture, « tolérée, sinon recommandée », selon lui, par les politiques. Pour lui, elle « devient légitime quand l’urgence s’impose ». Ces confessions, accompagnées d’interviews dans la presse, avaient suscité une tempête politique. « Est-ce que la torture m’a posé des problèmes ? Je dois dire que non. Je m’étais habitué à tout cela », assurait-il, affirmant que ses actes avaient été commis avec l’aval de sa hiérarchie et de l’autorité politique.

Découverte : Aussaresses a pendu Larbi Ben M’Hidi

Aussaresses est allé jusqu’à dévoiler les méthodes avec lesquelles l’armée française a combattu les partisans de l’indépendance, pendant la bataille d’Alger, en 1957. Escadrons de la mort, tortures, exécutions sommaires… Aussaresses dit tout, « sans remords ni regrets ». L’entretien sulfureux est publié par Le Monde en 2000. Quelque temps plus tard, Aussaresses remet ça avec Services spéciaux, Algérie 1955-1957 (Perrin). Le général sert la transcription de ses déclarations au service historique de l’armée de terre (SHAT), qui l’a contacté à la suite de son entretien publié dans Le Monde. C’est la grande frayeur !

En 1957, le général Jacques Massu, commandant la 11e division parachutiste, lui demande de rétablir l’ordre à Alger. Il se retrouve à la tête de ce qu’il appelle lui-même « un escadron de la mort », chargé de procéder à des arrestations nocturnes, suivies de tortures, avec élimination de certaines personnes arrêtées. En outre, il a été découvert qu’en mars 1957, à Alger, Aussaresses a pendu Larbi Ben M’Hidi et fait précipiter dans le vide Ali Boumendjel, un avocat engagé auprès du FLN. La thèse officielle donnée par l’armée française était que ces deux hommes se sont suicidés. Véritable scandale. Aussaresses perd sa Légion d’honneur et il est poursuivi par la justice française pour « apologie de la torture ».

La mort d’Aussaresses a été annoncée ce mercredi. Mais bien avant, il a une fin peu tranquille, ponctuée de tentatives d’assassinats qu’il a essuyées. Sans compter que ses deux filles l’avaient renié et l’une d’entre elles était même allée jusqu’à refuser de porter son nom.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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