« Montrer la production littéraire des cinq continents » en Algérie


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La 15e Salon international du livre d’Alger (Sila), qui se tient jusqu’au 6 novembre, accueille pour la première fois les Etats-Unis et le Venezuela, tandis que la Suisse est mise à l’honneur.

Quelle est l’affluence de ce 15e Sila ? Combien d’éditeurs et de pays sont représentés ? Comment s’explique l’absence de l’Egypte ? Pourquoi le prix des livres reste-t-il trop élevé pour tant de bourses algériennes ? Le point avec Smaïn Ameziane, le commissaire du salon.

Afrik.com : Quelques chiffres pour commencer ?

Smaïn Ameziane :
Il y a 470 éditeurs de 32 pays, avec des nouveaux venus comme les Etats-Unis, le Venezuela, l’Argentine… La section « Esprit Panaf » s’inscrit dans le suivi du festival panafricain d’Alger de 2009 et accueille des éditeurs et des auteurs d’Afrique sub-saharienne. Ma mission, c’est d’offrir au public un éventail de produits, de pays, de littératures.

Afrik.com : Et côté affluence du public ?

Smaïn Ameziane :
Pour être honnête, on ne s’attendait pas à avoir autant de monde : en moyenne 100 000 visiteurs par jour ! On devrait faire autant voire plus que les 192 000 personnes venues le jour de la clôture en 2009. Cette année, on a élargi les allées, on a agrandi les stands et développer les services annexes comme la restauration, les salles de conférence et les garderies.

Afrik.com : Le salon dure 10 jours, ce n’est pas trop long ?

Smaïn Ameziane :
Non, car cela nous permet d’avoir deux week end et c’est une vraie demande du public. Et puis, pour certains éditeurs étrangers, notamment ceux du Moyen Orient, les charges sont trop lourdes pour ne venir que 4 ou 5 jours. Inscrire le salon dans la durée, ça veut dire proposer des choses de qualité sur le long terme. Cette année, tout le monde salue la haute tenue des débats entre écrivains et intellectuels : entre Jean Ziegler, PPDA, Benjamin Stora ou Jacques Vergès, il y a de quoi faire ! C’est la première fois qu’il y a la présence de ce genre de têtes d’affiche. Au début, on a d’ailleurs eu du mal à tous les convaincre de venir…

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Afrik.com : Pourquoi avoir choisi la Suisse comme invité d’honneur ?

Smaïn Ameziane :
Tout simplement parce que c’est le seul pays européen à avoir invité l’Algérie comme invité d’honneur d’un grand salon littéraire, en l’occurrence celui de Genève. C’était en 2006…

Afrik.com : Et pourquoi l’Egypte, qui était généralement très présente, n’est pas venue ?

Smaïn Ameziane :
Après les incidents de la Coupe du Monde de football, c’est une décision qui a été prise d’un commun accord avec les professionnels du livre. L’Algérie n’était pas présente au dernier salon du Caire, alors que nous y allons depuis 20 ans ! Nous avons appliqué la réciprocité. Nous avons voulu calmer les esprits et ne pas prendre de risques inutiles pour la sécurité. Les éditeurs égyptiens sont des amis, ils ont compris et reviendront l’année prochaine.

Afrik.com : Cette année, le prix du livre est encore au centre de toutes les discussions. Les visiteurs trouvent globalement les tarifs pour acquérir un livre étranger trop élevés…

Smaïn Ameziane :
Les éditeurs habitués du Sila et qui connaissent l’état du pouvoir d’achat algérien ont fait des efforts. Ils prennent moins de marge mais se rattrapent sur la quantité, au vu de l’affluence record au salon. Les professionnels font tout pour s’adapter au marché.

Afrik.com : Que faut-il, selon vous, encore améliorer dans les années à venir ?

Smaïn Ameziane :
Il faut augmenter la participation de bons éditeurs étrangers, comme ceux du Canada ou d’Amérique latine, pour renforcer l’ouverture à international du salon. Il faut montrer la production intellectuelle des cinq continents.

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