Monterrey ou le marché des dupes


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La conférence de Monterrey sur le financement du développement s’est achevée vendredi au Mexique. Le timide  » Consensus de Monterrey « , pourtant fustigé par les pays du Sud, a malgré tout été signé par les tous les chefs d’Etat présents. Décevant.

La conférence de Monterrey, qui s’est terminée vendredi au Mexique, n’aura pas tenu toutes ses promesses. Le grand débat d’idées sur la nouvelle approche du financement du développement n’a pas eu lieu. Le  » Consensus de Monterrey  » a uniquement donné lieu à un texte final stérile dénoncé par de nombreux pays du Sud mais pourtant signé par tous les chefs d’Etat présents.

La grande réunion affichait pour ambition de discuter des moyens pour réduire la pauvreté de moitié d’ici 2025, ce qui était déjà l’objectif du sommet du Millénaire de septembre 2000. Mais rien n’a réellement été décidé en ce sens, sinon la poursuite d’un libéralisme imposé par le Nord. Il s’agit pour George Bush  » d’accroître le commerce  » pour  » faire diminuer la pauvreté « . Le document final passe complètement sous silence la nécessité de doubler l’aide annuelle du Nord de 50 à 100 milliards de dollars. Ce que réclamait initialement l’ONU, instigatrice du sommet.

 » En dépit de la voie des réformes, ces réunions demeurent de grandes messes médiatiques sans lendemain « . Les propos du président gabonais, Omar Bongo, en disent long sur sa vision désabusée du sommet. Un énième sommet de grandes et vertueuses déclarations d’intention peu suivies dans les faits.

La fronde du Sud

Hugo Chavez, le représentant du groupe des 77, s’est emporté jeudi à la tribune pour s’en prendre aux politiques structurelles imposées,  » ce venin mortel pour nos population « , par le Fonds monétaire international. Sous les applaudissements d’une partie de la salle et malgré les tentatives du maître de séance, le président mexicain Vincente Fox, de contenir la fouge de Monsieur Chavez, ce dernier a dénoncé la faiblesse du Consensus. Et il n’était pas le seul.

Quand Fidel Castro, quitte le sommet en accusant les Etats-Unis d’avoir voulu l’empêcher de venir, il ne manque pas de lancer une diatribe virulente à l’égard du néolibéralisme qu’il considère comme une  » véritable génocide « . Pour le leader Maximo le Consensus est  » imposé « . A peine arrivé, il retourne à la Havane et laisse la représentation du pays au président de l’assemblée national cubaine, Ricardo Alarcon.

S’aligner sur le modèle américain

A côté du coup d’éclat du bouillonnant Castro, le Nigeria n’est pas en reste. Le président Olusegun Obasenjo emboîte lui aussi le pas des détracteurs d’un ordre mondial trop bien établi et dénonce les velléités d’actions du Nord et des instances financières internationales. Lui qui, malgré  » les paroles généreuses  » au sommet du Millénaire,  » n’avait pu obtenir un seul cent pour l’allégement de la dette extérieure « . Dette dont le premier ministre togolais, Agbéyomé Kodjo, a purement et simplement réclamé l’annulation.

Malgré les toutes les oppositions, une déclaration finale a été signée par les les chefs d’Etat (excepté Fidel Castro) des 189 pays présents. Un texte vide non amendable, sans calendrier ni engagement précis, entériné bon gré mal gré par des pays du Sud qui n’ont jamais été en position de force sur l’échiquier international.

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