
Au Maroc, tout est mis en œuvre pour une Fête du Trône millimétrée et hautement symbolique. Pourtant, au-delà du protocole formel, une absence continue d’intriguer : celle de Lalla Salma, l’ex-épouse du roi. Et pour sûr, Brigitte Macron, Première dame française, ne sera pas la bienvenue à cette cérémonie royale marocaine. Pourquoi ?
À l’approche de la célébration officielle du 26ᵉ anniversaire de l’accession du roi Mohammed VI au trône, prévue le 30 juillet à M’diq, les préparatifs vont bon train. Tentes blanches dressées sur la place de la préfecture, dispositif de sécurité renforcé, invitations nominatives soigneusement distribuées. Mais deux personnes manqueront certainement cette fête : Lalla Salma, l’ex-épouse du roi, et Brigitte Macron, Première dame de France. Leurs styles vestimentaires personnels, à rebours des codes imposés par le palais, semblent les exclure d’office de ce type d’événement.
Un protocole vestimentaire ultra-codifié
Dans une monarchie où l’image et l’apparence sont contrôlées avec minutie, toute « dissonance vestimentaire » prend un relief politique inattendu. Le ministère de la Maison royale, du Protocole et des Décorations a été clair : les tenues autorisées pour la cérémonie de M’diq doivent répondre à un strict code vestimentaire. Pour les Marocains, il est exigé une djellaba ou un selham pour les hommes, et un caftan traditionnel pour les femmes. Les militaires seront en tenue n°1.
Quant aux invités étrangers, ils devront impérativement porter costume sombre pour les hommes et robe longue pour les femmes. La note est explicite : toute tenue jugée indécente ou inadaptée, robe courte, pantalon féminin, vêtements moulants ou épaules découvertes, est formellement interdite. Un cadre vestimentaire rigoureux qui reflète la dimension sacrée et traditionnelle de la monarchie marocaine.
Lalla Salma et Brigitte Macron : des styles affirmés, mais incompatibles ?

Dans ce contexte ultra-réglementé, difficile d’imaginer voir apparaître Lalla Salma, souvent aperçue ces dernières années dans des tenues modernes, fluides et occidentalisées, où le pantalon remplace souvent les tenues marocaines traditionnelles. Depuis sa disparition de la scène royale marocaine, l’ex-Première dame se fait discrète, mais ses rares apparitions à l’étranger trahissent un style élégant, personnel et affirmé, loin du protocole rigide de la cour.
Quant à Brigitte Macron, son style est bien connu du public international : robes au-dessus du genou, coupes structurées, tenues sobres mais contemporaines. Une silhouette qui tranche nettement avec les exigences du code vestimentaire marocain pour les femmes invitées à une cérémonie aussi codifiée que la Fête du Trône.
Une exclusion non dite mais éloquente
Sans qu’aucune décision officielle n’ait été annoncée, ces styles vestimentaires, bien qu’exprimant la liberté et l’individualité, semblent les disqualifier de facto comme invitées à un événement où la tenue ne relève pas du choix personnel, mais de l’allégeance symbolique à l’ordre monarchique.
Ce silence du protocole autour de la présence ou non de Lalla Salma et Brigitte Macron traduit une logique implicite mais bien connue au Maroc : ceux qui ne s’inscrivent pas dans la ligne visuelle du Palais ne peuvent pas participer aux grandes messes royales. Le respect du dress code devient ainsi un marqueur de loyauté, de conformité et de « légitimité visuelle ».
L’image du roi au centre et sans contrepoint
Dans ce cadre, la modernité vestimentaire de Lalla Salma et de Brigitte Macron apparaît comme un élément de rupture. Non pas parce qu’elles s’habillent « mal », mais parce qu’elles s’habillent autrement, avec une autonomie que le cérémonial monarchique n’autorise pas. Cette autonomie, bien que silencieuse, suffit à justifier leur mise à l’écart du protocole officiel.
L’absence de toute figure féminine forte à ses côtés lors des grandes cérémonies confirme également le choix de la monarchie marocaine de recentrer l’image publique du roi sur sa seule personne, sans présence complémentaire ou symbolique. Ce recentrage visuel s’accompagne d’un retour à une lecture stricte du protocole, où la modernité féminine, qu’elle soit marocaine ou étrangère, n’a plus véritablement sa place.
Un style qui devient politique
Dans le royaume chérifien, la tenue vestimentaire ne se limite pas à l’esthétique. Elle est un marqueur social, culturel, et dans certains cas, politique. En imposant un protocole aussi rigide, le Palais affirme sa volonté de maîtriser tous les éléments du récit monarchique, y compris l’image des femmes associées (ou non) à la scène royale.
Lalla Salma et Brigitte Macron, à travers leur façon d’être, deviennent malgré elles les symboles d’un écart volontaire ou subi face à une tradition monarchique rigide. Et tant que l’espace cérémoniel ne tolérera pas la diversité dans l’apparence féminine, leur absence sera moins une surprise… qu’une évidence.