Mohamed Ould Abdelaziz : la justice mauritanienne alourdit la peine de l’ex-président


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Mohamed Ould Abdel Aziz
Mohamed Ould Abdel Aziz

L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a vu sa peine triplée en appel : quinze ans de prison ferme pour enrichissement illicite.

Le rideau est tombé en Mauritanie sur le procès en appel de l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz, au terme d’une procédure judiciaire historique qui a captivé l’opinion nationale et internationale. Condamné en première instance à cinq ans de prison en décembre 2023, l’ex-chef de l’État a vu sa peine tripler. Ce mercredi 14 mai, la cour d’appel de Nouakchott l’a condamné à quinze ans de prison ferme pour enrichissement illicite, un verdict qui marque une étape majeure dans la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest.

Un procès emblématique pour la démocratie mauritanienne

Le procès de Mohamed Ould Abdelaziz, président de 2008 à 2019, constitue une première dans l’histoire politique du pays : jamais un ancien chef de l’État mauritanien n’avait été poursuivi, jugé puis condamné à une telle peine. Ouvert en novembre 2024, le procès en appel s’est déroulé dans un climat de forte tension politique, mêlant enjeux judiciaires et règlements de comptes entre anciens alliés.

L’ancien président, tombé en disgrâce après avoir quitté le pouvoir, comparaissait aux côtés d’une dizaine de personnalités influentes de son régime, dont deux ex-Premiers ministres, plusieurs anciens ministres et dirigeants de sociétés publiques. Tous étaient poursuivis pour des faits gravissimes : abus de fonctions, trafic d’influence, blanchiment d’argent et enrichissement personnel aux dépens de l’État.

Des accusations toujours niées par l’accusé

Malgré les lourdes charges qui pèsent contre lui, Mohamed Ould Abdelaziz a toujours nié les faits. Selon ses avocats, le procès aurait été motivé par des raisons politiques, et le verdict final serait une forme de vengeance orchestrée par ses successeurs, notamment l’actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, son ancien compagnon d’armes devenu rival.

Pour autant, les juges ont estimé que les preuves présentées suffisaient à démontrer l’existence d’un vaste système d’enrichissement illicite. Des milliards d’ouguiyas (la monnaie locale) auraient été détournés au profit de l’ex-président et de son entourage, à travers des contrats publics truqués, des sociétés écrans et des transferts de fonds vers l’étranger.

Une condamnation lourde de conséquences

La condamnation de Mohamed Ould Abdelaziz à quinze ans de prison ferme constitue un message fort envoyé par la justice mauritanienne, longtemps accusée de complaisance à l’égard des puissants. Le verdict pourrait aussi rebattre les cartes du paysage politique local, alors que certains partisans de l’ex-président espéraient encore un retour en grâce.

Pour l’heure, Mohamed Ould Abdelaziz reste incarcéré, et ses avocats pourraient saisir la Cour suprême pour tenter une ultime procédure.

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