Modibo Souare, animateur vedette du Mali


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Modibo Souare

Modibo Souare anime l’émission « Jouvence » tous les samedis soir sur la première chaîne de télé du Mali. Le succès de l’émission réside dans l’originalité de son concept, qui consiste à saisir des instants de vie d’artistes invités. Modibo Souare donne vie au programme en allant au contact de ceux qui font l’actualité musicale, au gré des hôtels, des maquis, ou des places publiques. Interview.

« Jouvence » est l’une des émissions phares de l’Office de Radiodiffusion et de Télévision du Mali (ORTM). Créée en 1983 par le regretté Thierno Ahmed Thiam, elle est présentée depuis 1994 par Modibo Souare, qui a longtemps été animateur radio, puis adjoint de l’émission. La part belle est faite à la musique, à travers la diffusion de vidéos, mais également grâce à des prestations live d’artistes africains. Clips, interview, bonne humeur font le succès de ce programme qui séduit et rassemble tous les samedi soir, dès 22h30, l’ensemble des Maliens. Présent à la dernière édition des Trophées de la Musique du Mali (27 décembre 2005 – 1er janvier 2006), il revient sur son travail et décortique le succès mondial de la musique malienne.

Afrik.com : Modibo Souare, vous êtes animateur de l’émission « Jouvence », diffusée tous les samedis soirs sur la première chaîne de la télévision malienne. Quel est exactement le contenu de votre programme ?

Modibo Souare :
Jouvence est une émission de variété internationale. C’est une émission musicale, toutes tendances confondues. Il faut que les artistes soient au top pour pouvoir y passer, étant donné qu’en dehors de mon programme, il n’en existe pas d’autres sur le même créneau. La plupart de mon temps d’antenne est consacré à la diffusion de clips vidéo. Cela va de la salsa au rap, en passant par le soukouss et le coupé décalé. Tout ce qui fait l’actualité musicale.

Afrik.com : Etes-vous le producteur de l’émission ?

Modibo Souare :
L’émission est une production de la télévision nationale du Mali. Je suis le chargé de production et animateur. Jouvence est la première émission de l’ORTM depuis 1983 et le concepteur du programme est feu Thierno Ahmed Thiam. J’ai repris l’émission il y a environ 12 ans. Il y a toute une équipe autour, à savoir un réalisateur, des caméramans… L’émission se fait hors studio. On l’enregistre dans les restaurants, dans les grands hôtels, dans les boîtes de nuit. Le concept de l’émission, si je devais le résumer serait : « En plein air et en public ».

Afrik.com : Quelles sont les autres émissions musicales sur l’ORTM en dehors de la vôtre ?

Modibo Souare :
En dehors de mon émission, je pourrais citer « Top Etoile », qui se consacre exclusivement à la musique malienne. L’émission fait la promo de toute la musique malienne, et propose un hit parade tous les vendredis. Le concepteur et le réalisateur de l’émission est un « grand frère », M’baye Boubacar Diarra. Il y a également « Samedi Loisir », qui est un plateau de divertissement, qui s’occupe à la fois de la musique et des loisirs. L’émission « Hit Parade » est enfin un programme de classement et de décryptage des nouvelles tendances de la musique malienne…

Afrik.com : Quel regard portez-vous sur la place et l’évolution de la musique malienne ?

Modibo Souare :
La musique malienne se porte très très bien. Il suffit de reconnaître l’importance de nos musiciens. Salif Keita, Ali Farka Touré, Habib Koite, Oumou Sangare, Rokia Traoré, Mangala Camara, Naawa Doumbia, Idrissa Soumahoro, Adja Soumano (Couronnée deux fois aux Kora 2005, Meilleur Artiste Féminin de l’Afrique de l’Ouest, Meilleur Artiste Féminin du Continent africain), sans oublier Amadou et Mariam, pour ne citer que ceux là… Avec toutes ces stars, je puis dire sans fausse modestie et sans risque de me tromper que la musique malienne occupe, aujourd’hui, une place de choix sur l’échiquier musical mondial.

Afrik.com : Comment pourrait-on expliquer le succès de la musique malienne à travers le monde ?

Modibo Souare :
La force de la musique malienne réside dans son originalité. Tous les musiciens maliens, locaux ou non, sont restés dans les créneaux de la musique mandingue. Musique riche en sonorités. Les musiciens maliens ne souhaitent pas être influencés, pis, ils ne veulent pas prostituer leur art. La musique du terroir fait la force de notre musique, et je pense que tout le monde, ici, en a conscience. L’intérêt du public international réside peut-être dans cette exception malienne.

Afrik.com : Il est des artistes maliens qui cartonnent à l’étranger, mais qui peinent à avoir l’adhésion du public local, comment expliquez-vous cet état de fait ?

Modibo Souare :
Vous voulez certainement parler d’Amadou et Mariam, Rokia Traoré, ou encore Salif Keita. Je dirais que ces musiciens n’ont pas eu la chance d’avoir une grosse boîte de production locale derrière eux, lorsqu’ils évoluent au pays. Ils ont connu le succès au pays, mais ont véritablement explosé à l’étranger. Je ne saurais expliquer cet état de fait, mais je puis dire que nombre de Maliens déplorent le modernisme musical imposé par les majors compagnies. Les artistes eux-mêmes prennent de plus en plus conscience de l’importance d’être proche de leur base, de leur source d’inspiration. Ceux qui évoluent au pays sont plus au faîte des préoccupations quotidiennes, de même qu’ils connaissent les mouvances des mélomanes. Mais de manière générale, le souhait de tout artiste est d’exceller en dehors de son pays. Aujourd’hui, beaucoup de musiciens évoluant à l’étranger font la fierté des Maliens et de la musique malienne. Quoi qu’il en soit, ou qu’on en dise, la reconnaissance est indéniable.

Afrik.com : Vous avez participé à la 3ème édition des Trophées de la Musique au Mali. A l’heure des bilans, quelle est votre impression ?

Modibo Souare :
Je dirais que l’initiative a été salutaire. Dans tous les pays d’Afrique, il devrait y avoir une cérémonie de remise de trophées. La troisième édition des TAMANI a permis à la musique malienne d’être plus connue sur le plan international, de récompenser les artistes du Mali et de la diaspora, de même que les producteurs et les animateurs radio et télé qui se sont distingués au cours de l’année. Les TAMANI contribuent donc à la promotion de la musique malienne, et plus largement africaine. C’est également un facteur d’intégration époustouflant.

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