Mettre l’Afrique en équations


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Les statistiques disponibles sur de nombreux pays africains sont lacunaires, imprécises, et n’apportent aucune aide à la décision politique ou économique : il y a urgence à promouvoir la culture de la statistique sur le continent !

Evidemment, lorsque un pays africain doit choisir entre le soutien à sa filière agricole, l’aménagement de ses infrastructures routières, le financement d’une meilleure éducation pour ses enfants, le développement du secteur de la santé… et la mise en place d’outils statistiques performants, la tentation est grande de faire passer avant les priorités les plus tangibles et les mesures dont les effets seront les plus immédiats. Et bien souvent, sur notre continent, la statistique passe à l’as.

Erreur ! Funeste erreur ! Car c’est dans le déploiement de toutes les politiques pratiques et concrètes, justement, que le manque d’un outil statistique fiable se fait cruellement sentir. Comment justifier par exemple face aux bailleurs de fonds un soutien au développement de nouvelles écoles rurales, si l’on ne peut apporter la preuve d’une croissance démographique qui sature les capacités existantes ? Comment prévoir les besoins de formation de médecins ou de pharmaciens, si l’on ignore les données essentielles qui permettent de suivre les caractéristiques et l’état des besoins sanitaires de la population ?

Le tableau de bord indispensable

Les statistiques sont au quotidien le tableau de bord des gouvernants, et leur absence contraint les politiques à naviguer au doigt mouillé, à évaluer les attentes et les besoins à la louche. D’où des dysfonctionnements, des défauts de prévision, des aberrations prospectives qui coûtent plus cher… que l’outil statistique dont il aurait été utile de se doter par avance, afin de mieux calculer les investissements indispensables, et ceux qui étaient superflus.

On pourrait presque soutenir que les pays qui ont le plus besoin des outils d’analyse et de prévision qu’offre la statistique sont justement les pays les moins riches, ceux qui ne peuvent pas se permettre de gaspiller leurs moyens. Or ce sont précisément ces pays qui souffrent le plus de l’insuffisance de la fonction statistique.

18 novembre : Journée africaine de la Statistique

Pour essayer d’inverser les tendances et de promouvoir un meilleur usage des statistiques en Afrique, la Commission économique pour l’Afrique et le Centre africain pour la Statistique organisent le 18 novembre une Journée Africaine de la Statistique, avec pour thème : « La planification statistique au service du développement dynamique », et avec le soutien de l’OCDE, à travers « Paris 21« , « Partenariat en statistiques pour le développement au 21ème siècle ».

Et des objectifs simples : que l’urgence de la constitution de données statistiques fiables et complètes pour les pays africains soit intégrée à l’agenda africain du développement, que soit élaborée très vite au sein de chaque pays une « stratégie nationale de développement de la statistique », et que cette stratégie puisse attirer des financements internationaux par le biais de programmes d’assistance adaptés.

Mobilisation nécessaire

Dans tous les pays africains, il est donc essentiel qu’une mobilisation médiatique et civique ait lieu, autour de la constitution d’une « Stratégie nationale de développement de la statistique », afin que le continent puisse entrer de plain pied dans une ère de développement maîtrisé, durable, solide, fondé sur des bases saines. Afrik.com ne peut que s’associer avec énergie à la célébration, le 18 novembre prochain, de cette « Journée Africaine de la Statistique », et nous vous invitons à suivre de près, dans chacun de nos pays, les manifestations qui seront organisées à cette occasion.

Pour de plus amples informations, le site de l’OCDE : http://www.paris21.org/

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