Sommet de l’Union africaine : le Maroc exige l’exclusion du Polisario


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Alors qu’on croyait le Maroc de retour dans l’Union africaine, notamment dû à sa présence ces jeudi et vendredi au 22e Sommet de l’organisation, la ministre marocaine déléguée des Affaires étrangères vient de mettre un terme à ces interrogations. Pour Mbarka Bouaida, il n’est pas question que le Maroc réintègre l’Union africaine tant que le Polisario y sera présent. Interview.

Le Maroc claque la porte de l’Union africaine en 1984, suite à l’adhésion de la République arabe sahraouie démocratique, territoire contesté dont 20% seulement est contrôlé par le Front Polisario et 80% par le royaume du Maroc. Mais la présence du Maroc au 22e Sommet de l’Union africaine ces jeudi et vendredi à Addis Abeba, la capitale de l’Ethiopie, a suscité de nombreuses interrogations. La ministre déléguée des Affaires étrangères du Maroc, Mbarka Bouaida, nous apporte quelques éclaircissements quant à sa présence à cette manifestation.

Afrik.com : Vous représentez le Maroc au 22e Sommet de l’Union africaine (UA). Certains pensaient qu’il s’agissait du grand retour du Maroc dans l’organisation ?

Mbarka Bouaida :
Nous ne sommes pas présents en tant que membre de l’Union africaine. Nous sommes là uniquement pour faire des rencontres bilatérales avec les pays frères africains. C’est une occasion de rencontrer plusieurs responsables de pays africains et tisser des liens étroits.

Afrik.com : Quels messages apportez-vous à ces « pays frères » ?

Mbarka Bouaida :
L’objet de ces rencontres bilatérales est tout d’abord de rappeler l’importance et la priorité africaine du Maroc tant sur le plan international que régional, et rappeler que nous sommes présents en Afrique. Nous profitons aussi de ce moment pour renforcer nos opérations bilatérales, et ce, à plusieurs niveaux : politique, économique et social. Le Maroc à une politique économique intéressante en Afrique, par le biais de sociétés marocaines ou conjointes. Nous essayons de promouvoir cette diplomatie économique à travers des intérêts communs sans oublier le volet humanitaire. Nous développons de plus en plus des coopérations humanitaire et culturelle. Enfin, nous souhaitons également sensibiliser nos frères et amis africains à la question du Sahara, afin que soit respecté le processus onusien. Ce Sommet est l’occasion de leur exposer nos arguments que nous considérons politiquement valables et corrects.

Afrik.com : Votre présence à Addis Abeba serait donc une opération lobbying pour rallier les pays africains à la cause marocaine sur le dossier du Sahara ?

Mbarka Bouaida :
Je dis juste que toutes les parties directes et indirectes doivent respecter ce processus onusien. Nous voulons faire connaître les avancées du Maroc en matière de démocratie et de droits de l’Homme.

Afrik.com : Envisagez-vous de réintégrer l’Union africaine ?

Mbarka Bouaida :
Nous sommes sollicités par plusieurs pays africains afin que le Maroc réintègre l’Union africaine. Tous nos amis que nous rencontrons déplorent notre absence de l’Union africaine. Je tiens à dire que nous avons toujours cru à l’Union africaine, mais il faut que nos conditions soient respectées pour que nous revenions.

Afrik.com : Entendez-vous par là l’expulsion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de l’organisation ?

Mbarka Bouaida :
Oui ! Il n’est pas normal que le Polisario soit membre de plein droit et reconnu, alors qu’il ne représente aucun Etat. Il ne peut pas bénéficier d’une adhésion complète et égale à celle d’un Etat. Notre argument est simple et valable. Malheureusement, en 1984 (date du départ du Maroc de l’UA, ndlr), il y avait une volonté politique calée contre nos principes, mais je pense qu’aujourd’hui les choses ont changé.

Afrik.com : Vous ne souhaitez définitivement pas négocier avec le Polisario ?

Mbarka Bouaida :
Il y a une solution alternative qui est de discuter à travers les Nations unies. Nous étions les premiers à proposer le référendum. Nous sommes encore une fois appliqués à imaginer une solution entre les deux parties qui pourrait être la base de négociations. Un plan d’autonomie n’est pas une intégration sociale non plus. Nous avons passé dix ans à essayer d’appliquer le référendum. Depuis, le Maroc a évolué. Mais malheureusement, les autres parties n’ont pas mûri, bien au contraire. Elles appellent à un statu quo et à un retour en arrière, ce que personne n’acceptera. C’est ce que nous essayons de faire comprendre à nos amis africains de l’UA.

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