Mauritanie : Lourde peine de prison contre un journaliste en ligne


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Reporters sans frontières est outrée par la condamnation à deux ans de prison ferme prononcée le 4 février 2010 contre le directeur du site Taqadoumy, Hanevy Ould Dehah, pour « atteinte aux bonnes mœurs, incitation à la révolte et délit de publication ». L’organisation dénonce une peine très lourde à l’encontre d’un professionnel des médias, au terme de procédures judiciaires incompréhensibles et abusives. Reporters sans frontières demande au président de la République islamique de Mauritanie, Mohammed Ould Abdel Aziz, une nouvelle audience et la permission de rencontrer Hanevy Ould Dehah en prison.

« Nous ne comprenons pas comment la justice mauritanienne a pu prendre une telle décision au terme d’une parodie de justice. Pourquoi ne pas avoir condamné directement le journaliste à 2 ans et demi de prison dès le premier procès? C’est scandaleux! La position des autorités est équivoque. Si elles envoient des signaux positifs d’un côté, dans les faits elles laissent les principes de la liberté de la presse être piétines », a déclaré Reporters sans frontières.

L’organisation ajoute: « Lors d’une rencontre de l’organisation avec le chef de l’Etat mauritanien à l’automne 2009, le cas de Hanevy Ould Dehah avait été évoqué en des termes rassurants. Par ailleurs, le pays a adopté en 2005 une législation sur la presse qui est la meilleure de la sous-région. La condamnation de ce journaliste constitue un véritable retour en arrière. L’image du pays est ternie par cette affaire, qui risque de refroidir ses partenaires internationaux, surtout si elle remonte à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Il est dans l’intérêt général de reconnaître en appel l’innocence du journaliste et de le relâcher immédiatement ».

Le directeur du site Taqadoumy était maintenu en détention arbitraire depuis plus d’un mois. Il n’avait pas été libéré après avoir terminé de purger une première peine de prison de six mois le 24 décembre 2009. Ce nouveau procès devait rejuger l’affaire dans son intégralité. Il a manqué l’occasion de blanchir le journaliste, injustement poursuivi.

Les journalistes mauritaniens se sont mobilisés depuis plusieurs semaines pour réclamer la libération de leur confrère, en organisant des rassemblements et en plaidant son cas auprès des autorités. Le Syndicat des Journalistes Mauritaniens (SJM) a qualifié cette condamnation de « recul en matière de traitement des médias ».

Voir l’interview de l’avocat de Hanevy Ould Dehah, Me Brahim Ould Ebety, le 13 janvier 2010 à Reporters sans frontières:

Reporters sans frontières

CS 90247 – 75083 Paris Cedex 02

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