Maroc : un « Théâtre nomade » pour villageois


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C’est une troupe de théâtre pas comme les autres. « Théâtre nomade » va à la rencontre des populations marocaines qui vivent dans des régions éloignées, histoire de leur apporter un soupçon d’art…

Au Maroc, les villageois sont souvent les grands oubliés de la culture. En général au royaume chérifien, tout se passe à la ville. Mais depuis 2006, une troupe de théâtre nomade veut mettre fin à cette marginalisation, en se produisant dans les campagnes reculées. A Missour, un des villages du sud-est du royaume visité cet été par le « Théâtre nomade », un public « assoiffé » attendait la troupe, selon Chafiq Bisbis, un des comédiens. Le succès est assuré pour ce théâtre hors du commun créé par Mohammed El Hassouni. L’ambition de cette troupe n’est autre que d’aller à la rencontre des gens.

Au-delà de la méconnaissance ou de la difficulté d’accéder à cet art, se pose le problème d’argent. Dans les campagnes les plus reculées du Maroc les villageois n’ont évidemment aucun budget culture. Mais à Missour, à quelque 500 kilomètres au sud-est de la capitale, Rabat, près de 300 personnes, de tout âge, ont eu l’occasion de suivre un spectacle riche en humour, acrobatie et danse, entièrement gratuit.

Un humour bien marocain

Le spectacle, « Tqerqib ennab » (papotages), aborde des sujets d’actualité – des relations hommes-femmes aux inégalités dont les femmes sont victimes – dans une langue dialectale accessible à tous. Un humour cru, comme les Marocains aiment. Les spectateurs forment un cercle, en position accroupie ou debout, autour de la troupe qui se produit dans le jardin public du village. Elle semble avoir conquis son public d’après des témoignages : « Ce spectacle nous touche (…) Ils nous ont offert ce que nous attendions, bravo à eux ! », lance Soukaina Azzaoui, une jeune habitante de Missour interrogé par l’AFP.

Le pari semble en tout cas gagné, car il n’est pas facile de conquérir le cœur des conservateurs avec des sujets sensibles ou qui surfent sur les relations intimes. Voici un exemple de réplique qu’une comédienne répète à chaque représentation : « Lhaj Brahim, qui est allé trois fois à La Mecque pour se laver de ses pêchés, était allongé sur le canapé… et de temps en temps jetait des regards furtifs sur la petite bonne qui lui servait son verre de thé ! » De quoi faire rire aux éclats ces villageois et plus généralement les Marocains. La manière dont ce genre réplique est dite, ainsi que l’intonation employée, jouent énormément. A la fin du spectacle, le public s’approche des comiques, acrobates et jongleurs, pour les saluer spontanément. Un geste qui en dit long sur le manque crucial d’initiatives de ce genre d’évènement dans les villages marocains.

Après une tournée à succès qui s’est terminé à Missour, Mohammed El Hassouni et sa troupe se reposent durant le mois de Ramadan. Du 24 au 28 juillet, le « Théâtre nomade » était représenté au Festival Chalon dans la rue 2013 grâce au soutien du Fonds Roberto Cimetta. Prochaines dates : Agadir les 27 et 28 septembre !

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