Maroc, Sahara, BFMTV et Rachid M’Barki dans la tourmente


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La question du Sahara est un axe central de la diplomatie marocaine. Avec des risques de franchissement des lignes rouges de la déontologie. Cela a été d’abord mis en exergue au Parlement Européen où une enquête est en cours sur l’ingérence du Royaume chérifien auprès de certains députés. C’est désormais d’influence supposée sur le contenu diffusé par la chaîne d’information en continu BFMTV que le Maroc est suspecté.

Le contrôle déontologique des télévisions françaises n’est pas un vain mot. BFMTV vient d’en faire l’expérience. La première chaîne d’information en continu du PAF (Paysage Audiovisuel Français) vient de diligenter une enquête interne en raison de soupçons visant un de ses animateurs vedettes. Selon le média en ligne Politico, certains sujets diffusés sur les antennes du groupe auraient subi une influence extérieure. La société des journalistes (SDJ) de BFMTV a fait état « de soupçons d’ingérence concernant un journaliste » précisant que  « si les faits rapportés sont exacts, ils sont graves et condamnables ».

Vers un nouveau Marocgate ?

Après ces révélations, Rachid M’Barki, présentateur des journaux de la nuit, a été dispensé d’activité, a fait savoir la direction de BFMTV. Français né à Toulouse, Rachid M’Barki est d’origine marocaine.

Selon les dernières informations, Rachid M’Barki aurait fait diffuser dans ses journaux des sujets non validés par la chaîne, suivant le processus classique. L’enquête de BFM doit désormais déterminer d’où venaient ces images et si une influence a été exercée pour leur diffusion.

Parmi les sujets problématiques diffusés à l’antenne, se trouve notamment un reportage sur un forum économique tenu à Dakhla, ville du Sahara Occidental sous administration marocaine. Politico y décrit des images promotionnelles de l’évènement et le présentateur évoque le réchauffement des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne, en raison de la « reconnaissance espagnole du Sahara marocain« . Une prise de position et une terminologie inhabituelle en France ou la neutralité sur la question reste de mise.

Toujours la question du Sahara Occidental

La direction de BFMTV a déclaré que « BFM est probablement victime dans cette affaire et nous ne pouvons tolérer aucune suspicion sur le travail de l’ensemble de notre rédaction et de nos 300 journalistes ».

Rachid M’Barki, interrogé par Politico, reconnait avoir repris des informations n’ayant « pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction mais (..) Elles étaient toutes réelles et vérifiées. […] Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait ».

Cette possible ingérence du Maroc, ou de certains intermédiaires en communication du Royaume, fait suite au scandale qui secoue le Parlement Européen. Encore une fois avec la question du Sahara Occidental en toile de fond.

« Nous ne pouvons tolérer aucun début de soupçon sur le travail de BFM et de ses 300 journalistes. Nous prendrons donc toutes les mesures juridiques, judiciaires, individuelles et d’organisation selon les conclusions de cette enquête », a, pour sa part, assuré la direction de BFMTV.

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