Maroc: Opération haj… cafouillage dans l’air


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Partiront, partiront pas ? Un sérieux doute plane sur la campagne du haj cette année. Pour cause, un grabuge saoudo-saoudien autour de la question cruciale du logement des pèlerins sur les Lieux saints.

A moins d’un mois de la date prévue pour le premier vol-agence (programmé pour le 6 décembre), aucun voyagiste n’a encore validé le contrat relatif à l’hébergement des pèlerins. Et partant, du retard est accusé dans le reste des procédures de l’opération risquant même de compromettre l’obtention du visa. Du coup, 9.600 pèlerins (surtout ceux passant par les voyagistes) sur un total de 32.000 se retrouvent dans l’expectative. Certains commencent même à craindre que leur projet d’honorer le 5e pilier de l’Islam par l’accomplissement des rites du Haj ne tombe carrément à l’eau. Inquiétude qui n’a pas lieu d’être, selon le président de la Fédération des voyagistes, Faouzi Zemrani. «Il n’y a pas à s’affoler. Du retard est certes accusé, mais l’opération du Haj aura bel et bien lieu. Il n’y a pas à en douter», ajoute-t-il. Selon lui, c’est un problème saoudo-saoudien qui tourne au bras de fer entre les autorités saoudiennes et les hôteliers.

Mais ses répercussions impactent toute la communauté musulmane à travers le monde, et pas seulement les candidats au Haj et voyagistes marocains. «Des voyagistes, près de 80, sont sur place, depuis pratiquement un mois et demi, pour débloquer la situation. Certains se retrouvent même en situation illégale, leur visa étant arrivé à terme», souligne le président de la Fédération qui se rendra aussi, dès aujourd’hui, en Arabie Saoudite. Les voyagistes ont déjà sollicité l’intervention du ministère du Tourisme ainsi que celle du Consul général du Maroc en Arabie saoudite. De leur côté, ajoute Zemrani, les ministres du Commerce et du Haj saoudiens ainsi que l’Emir de La Mecque pèsent de leur poids pour accélérer le dénouement. De toute manière, note-t-il, les autorités saoudiennes sont conscientes de l’enjeu et feront en sorte pour débloquer la situation et surtout accélérer la suite des procédures.

A l’origine, un problème saoudo-saoudien

Pour sa part, Mohammed Raoui, secrétaire général de l’Association régionale des voyagistes à Casablanca est quant à lui optimiste: un dénouement de la situation est fort probable ce week-end, rassure-t-il. A l’origine de ce cafouillage, la non-conformité de certains hôtels aux nouvelles mesures édictées par les autorités saoudiennes. Des dispositions calquées sur les normes de sécurité internationales et visant le renforcement des mesures de sécurité dans les établissements hôteliers accueillant les pèlerins (détecteurs de fumée, issues de secours en cas d’incendie…). Précautions qui, il faut le reconnaître, s’imposent pour limiter les dégâts en cas d’accident. Le drame de l’année dernière survenu à la suite de l’effondrement d’un hôtel est encore présent dans les esprits.

Sécurité: Nouvelles exigences

A en croire Mohamed Raoui, secrétaire général de l’association régionale des voyagistes à Casablanca, entre 200 et 250 hôtels, situés principalement à La Mecque, sont jugés non conformes par les autorités saoudiennes. Du coup, leur autorisation annuelle de logement n’a pas été renouvelée. En effet, rappelle Faouzi Zemrani, président de la Fédération des voyagistes, les services de la Protection civile saoudienne procèdent chaque année à un contrôle sévère du dispositif de sécurité mis en place par les hôteliers. A son issue, le renouvellement ou non de l’autorisation du logement est décidé. «Cette année, l’activité hôtelière ayant été particulièrement prospère, certains établissements n’ont pas pu se conformer à temps aux nouvelles exigences en matière de sécurité», tente d’expliquer Zemrani. Résultat, leurs propriétaires se sont vu refuser le renouvellement de l’autorisation de logement des pèlerins et ne peuvent donc valider le contrat de réservation. Par ricochet, les voyagistes et, au bout de la chaîne, les futurs hadjs, sont pris en otages en attendant le dénouement de ce bras de fer.

Khadija EL HASSANI pour L’Economiste

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