Maroc : mobilisation en soutien aux deux jeunes femmes arrêtées pour leurs robes « indécentes »


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Plusieurs centaines de Marocains ont manifesté, dimanche soir, pour soutenir les deux jeunes femmes qui risquent la prison pour avoir porté des robes jugées « indécentes » .

Une manifestation a eu lieu, dimanche 28 juin 2015 au soir, à Casablanca et à Rabat ou plusieurs centaines de Marocains sont descendus dans les rues pour dire à qui veut l’entendre leur soutien aux deux jeunes femmes qui ont été agressées, arrêtées et poursuivies en justice pour « outrage à la pudeur » pour avoir porté des robes jugées « indécentes ».

« Mettre une robe n’est pas un crime », « La sécurité dans l’espace public est un droit », « Assez de violence envers les femmes », « Non au gouvernement rétrograde de Benkirane »- Premier ministre marocain et secrétaire général du parti islamiste PJD. Environ 500 personnes ont scandé ces slogans. Des responsables politiques figuraient parmi la foule, notamment Nabila Mounib la secrétaire du PSU, la député du PPS par ailleurs ex-ministre Nouzha Skalli, l’actrice Amal Ayouch, la chanteuse Oum. Sans compter des membres d’associations féministes et ONG.

Âgées de 19 et 23 ans, les deux jeunes étudiantes, après avoir été harcelées, brutalisées et malmenées par une foule à cause de leurs robes jugées « indécentes », le 16 juin, alors qu’elles faisaient leurs courses au marché populaire d’Inezgane à Agadir, ont été interpellées par les forces de l’ordre.

Cette affaire a profondément choqué une partie de l’opinion publique et a beaucoup fait réagir les Marocains, associations féministes et militants des droits de l’Homme. La militante Boutaina Elmakoudi a publié une vidéo sur Facebook pour dénoncer cette affaire qui « porte atteinte à la femme marocaine ».

Un premier rassemblement a eu lieu, samedi 27 juin, à Agadir, réunissant quelque 300 personnes, selon des témoins. Sur internet, une pétition de soutien aux deux femmes, demandant l’arrêt des poursuites contre elles, a été lancée le 22 juin pour interpeller le ministre de la Justice. Intitulée « Au ministre de la Justice et des Libertés, mettre une jupe n’est pas un crime ! », cette pétition a déjà récolté plus de 18 000 signatures. Les jeunes femmes risquent d’un mois à deux ans de prison et une amende de 120 à 500 dirhams (entre 11 et 46 euros environ). Leur procès est prévu pour le 6 juillet

Le Maroc vit aujourd’hui entre deux feux : modernisation et conservatisme. Une série de polémiques sur les mœurs ont éclaté, notamment la condamnation de plusieurs Marocains à une peine de prison pour « homosexualité », ou encore le spectacle de Jennifer Lopez dans le cadre de festival Mawazine, qui a réveillé la colère des conservateurs. La question des droits des femmes quant à elle fait régulièrement l’objet de vifs débats dans la société marocaine, notamment chez les militants des droits des femmes qui luttent contre les inégalités, en s’appuyant sur la Constitution de 2011, adoptée dans le contexte du Printemps arabe, et qui exhorte l’Etat à œuvrer pour la parité.

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