Maroc, Migrante tuée : zones d’ombre autour de la mort de Hayat


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Hayat Maroc
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De troublantes zones d’ombre subsistent autour de la mort de la migrante marocaine, Hayat, étudiante de 22 ans, abattue par les forces de sécurité du Maroc, alors qu’elle tentait, avec d’autres compatriotes, de quitter son pays.

La dernière version des autorités marocaines souligne que les migrants marocains touchés mardi au large du royaume par des tirs de la Marine alors qu’ils étaient à bord d’une embarcation rapide « go-fast », étaient dissimulés sous une bâche. Alors que la première version indiquait que le « go fast » qui « se trouvait de manière suspecte dans les eaux marocaines, avait refusé d’obtempérer aux avertissements ».

Déjà jeudi 27 septembre 2018, Sarah Leah Whitson, responsable Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch (HRW), insistait que « rien ne prouve que les passagers du bateau représentaient une menace, ce qui aurait été la seule justification légale pour que le Maroc leur tire dessus ». Deux jours après, plus précisément ce samedi 29 septembre 2018, une source militaire de l’AFP justifie les tirs par le fait que le « go-fast » « a adopté une attitude hostile, opérant des manœuvres dangereuses qui allaient provoquer une collision évitée de justesse ».

Et la source de l’AFP de poursuivre, indiquant que « les manœuvres de cette embarcation non identifiée l’ont placée dans le champ de tir du bateau de surveillance marocain, ce qui a provoqué la blessure de quelques occupants. Deux garde-côtes ont tiré car les « go-fast » sont utilisés pour le trafic de drogue et parce qu’ils n’ont pas vu les clandestins dissimulés sous une bâche ».

Un étrange « go fast »

La question qui mérite d’être posée est de savoir comment un « go fast », aussi rapide qu’on ne le prétend, en passe d’être appréhendé, en lieu et place de prendre la tangente et semer ses poursuivants, cherche-t-il la collision avec un navire plus grand et plus puissant, avec à son bord, des personnes armées jusqu’aux dents ?

S’agissait-il réellement d’un « go fast » qui avait embarqué ces migrants, comme indiqué depuis le départ pour justifier l’action militaire musclée ayant coûté la vie à une étudiante ? Y avait-il une intention du pilote de l’embarcation d’entrer en collision avec le bateau des garde-côtes marocains ? Mystère et boule de gomme.

Toujours est-il que Hayat, une citoyenne marocaine, seulement âgée de 22 ans, par ailleurs étudiante à la Faculté de Droit de Martil (nord), est morte, abattue par les forces de sécurité marocaine. Son tort : elle tentait de fuir son milieu défavorisé de Tétouan où vivent sa mère ouvrière et son père au chômage, pour gagner l’Europe, plus précisément l’Espagne, et prétendre à des conditions de vie meilleure que son pays, le Maroc, n’a pu lui offrir, alors qu’il est l’une des économies les plus développées du continent africain.

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