Maroc : lourdes condamnations pour 25 Sahraouis


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Un tribunal marocain a condamné mercredi 25 Sahraouis à des peines de prison allant de deux ans à la perpétuité à la suite du meurtre, en 2010, de 11 membres des forces de sécurité marocaines dans le camp de Gdeim Izik, près de Laayoune, au Sahara occidental.

Le verdict dans l’affaire, qui a été suivi de près par les militants des droits de l’homme, a été rendu tôt ce matin par la Cour d’appel de Sale près de Rabat, a rapporté l’agence de presse officielle MAP.

Le Maroc et le mouvement d’indépendance du Front Polisario soutenu par l’Algérie se sont mutuellement accusés de provoquer les affrontements mortels entre la police et les manifestants sahraouis dans un camp de réfugiés de Gdeim Izik en novembre 2010.

A l’époque, des témoignages recueillis par Afrik.com confirmaient la violence des forces de police marocaine « Plusieurs maisons suspectées d’abriter des manifestants ont été attaquées. Mais le pire, ce sont les milices marocaines qui font le plus d’exactions. Ils sont escortés par la police qui les encourage à entrer dans les maisons et à tabasser les Sahraouis sans ménagement. Quand les hommes en tenue entrent dans une maison, ils demandent aux occupants s’ils sont des Sahraouis. Si la réponse est positive, ils leur interdisent de sortir ou se mettent à les tabasser », déclarait alors Ghalia Djini, vice-présidente de l’Association sahraouie des victimes des violations graves commises par l’Etat du Maroc (ASVDH). Les Marocains qui étaient tentés de venir en aide aux blessés subissaient le même sort.

Excédés par tant de violence, des jeunes Sahraouis étaient sortis dans les rues lundi pour affronter les forces marocaines. Ils avaient incendié des pneus et s’étaient attaqués à des institutions et à des banques.

En 2013, un tribunal militaire avait déjà condamné les 25 Sahraouis accusés à des peines de prison allant de 20 ans à la prison à perpétuité.

Les groupes de défense des droits internationaux ont condamné ce procès comme «injuste» et, en juillet, la Cour de cassation a ordonné à un tribunal civil d’examiner l’affaire.

Le Maroc affirme que le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole principalement contrôlée par Rabat, fait partie intégrante du royaume. Le Front Polisario exige un référendum sur l’autodétermination pour le territoire.

Amnesty International et Human Rights Watch ont publié un appel conjoint aux autorités marocaines pour que le verdict du procès ne soit pas fondé sur des aveux ou des déclarations « obtenus sous la torture ou d’autres mauvais traitements pendant les interrogatoires de la police« .

En mai, les défendeurs et leurs avocats ont annoncé qu’ils n’assisteraient plus au procès, alléguant des «irrégularités».

Les autorités marocaines ont cherché à souligner ce qu’elles appelaient la «transparence» et l’équité du procès civil, ouvert à la presse et aux observateurs internationaux.

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