Maroc/Côte d’Ivoire : rien ne va plus


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Rien ne va plus entre le Maroc et la Côte d’Ivoire. Aboudrahamane Sangaré, vice président du Front Populaire Ivoirien (FPI), s’est rendu à Rabat, mercredi dernier, afin de solliciter la médiation du royaume chérifien dans le règlement du conflit ivoirien, alors que l’Union africaine a mandaté le Président sud-africain Thabo Mbeki pour cela. En déclinant ouvertement la proposition ivoirienne, les autorités marocaines ont infligé un véritable camouflet à Laurent Gbagbo et à sa délégation.

Crise diplomatique entre le Maroc et la Côte d’Ivoire. Des émissaires du Président Laurent Gbagbo, dont le vice-président du Front Populaire Ivoirien (FPI) Sangaré Aboudrahamane, se sont rendus à Rabat mercredi en vue de rencontrer le roi Mohamed VI. Selon l’agence officielle de presse du royaume chérifien, la MAP, l’entretien avait pour but de demander au souverain marocain “ de bien vouloir mener les efforts de médiation appropriés pour la résolution de la crise dans ce pays frère ”. Les autorités ivoiriennes ont démenti une telle demande de médiation, et ont réitéré leur totale confiance en Thabo Mbeki. Toutefois, le Maroc a rappelé son ambassadeur à Abidjan, “ dans l’attente d’explications ” et s’étonne de la mauvaise foi du gouvernement ivoirien.

En dépit des démentis formels d’Abidjan, par le biais d’un communiqué de la présidence de la République, cette initiative sous-marine nuit à l’image de la Côte d’Ivoire, et met à mal les tentatives de règlement du conflit proposées par l’Afrique du Sud. Toujours selon ce communiqué, il s’agit de tentatives de “ manipulation ” et de “ désinformation ” mis en œuvre par divers médias. Cependant, à Rabat, on ne l’entend pas de cette oreille, et on confirme les propos tenus par “ l’envoyé spécial ” de Laurent Gbagbo. Le ministère des Affaires Etrangères affirme, que “ le Maroc n’a été en aucun cas demandeur de quoi que ce soit au sujet de la crise ivoirienne ”, et précise, par ailleurs, que “ l’initiative de cette mission a été prise par les autorités ivoiriennes qui ont sollicités, avec une insistance particulière, une audience royale ”.

Double trahison

En se rendant à Rabat, la délégation ivoirienne a trahi Thabo Mbeki. Tout d’abord, Abidjan a désavoué la médiation du chef de l’Etat sud-africain et sa feuille de route. La délégation menée par Aboudrahamane met définitivement fin, selon le journal ivoirien Le Nouveau Réveil « aux espoirs suscités par la prise en main du dossier par Pretoria ». Mais la plus grosse maladresse diplomatique reste que la délégation ivoirienne a tenté de mettre en concurrence le Royaume du Maroc et l’Afrique du Sud, deux pays dont les relations sont ne sont guère au beau fixe depuis le mercredi 15 septembre 2004, date à laquelle Pretoria a officiellement reconnu la République arabe Sahrahouie démocratique.

En effet, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Nkosazana Dlamini-Zuma avait décidé de reconnaître officiellement la République arabe Sahrahouie démocratique, état autoproclamé par les indépendantistes du Front Polisario. Une double trahison donc de la part de la Côte d’Ivoire. Une chose est sûre, ce couac contre-stratégique ne devrait pas redorer le blason de la Côte d’Ivoire, ni faire avancer les pourparlers de paix.

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