Marcel Abang : face « au Cameroun, sauf catastrophe, l’Égypte ne s’en sortira pas »


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Abang Marcel
Abang Marcel

Aujourd’hui entraîneur chargé des gardiens de l’Unisport Bafang, l’ancien portier des Lions Indomptables du Cameroun des années 1993-1996, Marcel Abang, vit à New Bell. Vaste quartier de Douala qui a contribué à fournir de nombreux joueurs au différents sélections, à l’image de Samuel Eto’o, Joseph Antoine Bell, Jacques Songo’o, Rigobert Song ou encore Christian Bassogog… Marcel Abang est revenu avec AFRIK.COM sur sa carrière internationale qui a été de courte durée, mais n’a pas caché son admiration pour le gardien de but international sénégalais Edouard Mendy.

Entretien de notre Envoyé spécial au Cameroun,

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

J’ai été champion du Cameroun en 1996 avec Unisport Bafang, malheureux finaliste en 1995 avec Océan de Kribi. Malheureusement, ma carrière à l’international avec l’équipe nationale a été de courte durée, de 93 à 96, juste après un match dans un tournoi en Afrique du Sud. Je me suis rabattu dans l’encadrement des jeunes. Je suis entraîneur chargé des gardiens de but dans Unisport Bafang.

Qu’est-ce qui a fait que votre carrière n’a pas duré avec l’équipe nationale du Cameroun ?

J’ai décidé d’arrêter de sitôt, quand j’ai eu des frustrations au sein de l’équipe nationale. J’ai alors décidé de me projeter dans l’encadrement technique. C’est ce que je fais pour l’instant.

Ne regrettez-vous pas d’avoir pris une telle décision ?

Non, un homme qui regrette après avoir pris une décision n’est pas un homme. J’ai pris la décision et je l’assume…

Nous constatons que beaucoup d’anciens internationaux camerounais sont dans des situations précaires. L’État a-t-il pris des mesures pour vous venir en aide pour avoir défendu par le passé les couleurs du pays ?

Je dirais non. Les seuls qui ont été récompensés sont les Lions du Mondial 1990. En effet, chacun d’eux a reçu un logement de la part de l’État du Cameroun, mais pour nous autres anciens, nous n’avons rien reçu. Alors, on attend toujours un geste de l’État.

Y a-t-il une association pour défendre les intérêts des anciens internationaux ?

Oui, il y a le Collectif des anciens Lions indomptables, dénommées le « CALIF », qui intervient au nom des joueurs.

Comment jugez-vous le niveau des gardiens de but africains de nos jours ?

J’ai beaucoup d’admiration pour Edouard Mendy. Un très bon gardien, même s’il a eu récemment des frustrations à Chelsea. Ce que je pourrais dire, c’est qu’il y a une nette évolution en Afrique. Aujourd’hui, il y  de bons gardiens de but un peu partout sur le continent. À travers cette CAN  au Cameroun, nous découvrons que l’Afrique produit de plus en plus de très bons gardiens.

Comment trouvez-vous le niveau de cette CAN avec l’arbitrage qui est décrié tous azimut ?

Je pense qu’au niveau de l’arbitrage, il faut que les gens ne se focalisent pas sur cette CAN, parce que nous voyons également ce qui se passe dans les championnats européens. Je vais vous faire une révélation. Nous avions marqué un but contre le Pérou, qui a été refusé lors du Mondial 1982. Ce qui nous avait d’ailleurs empêché de passer au second tour. Bien après, on s’est rendu compte que l’arbitre s’était trompé. Il a été suspendu. Aujourd’hui, je ne suis pas très bien placé pour juger les arbitres. Je suis un peu désolé de la façon dont on veut dénigrer cette CAN. Une compétition qui se passe dans de bonnes conditions, n’eut été l’incident d’Olembé. Je pense que vous avez vu l’ouverture, aucune nation n’a fait pareil. Et pour la clôture, on verra bien, parce que tout ce qui commence bien, finit bien.

Quelle lecture pour les demi-finales, avec le Sénégal qui croisera le Burkina Faso dans un derby ouest-africain et le Cameroun qui retrouvera l’Égypte, pour le remake de la finale de l’édition 2017 ?

Je vais commencer par parler du Sénégal. Il faut reconnaître que c’est une génération montante. En 2019, ils ont perdu en finale contre l’Algérie et c’était sur un score étriqué de 1-0. On voit qu’au fur et à mesure de la compétition, le Sénégal monte en puissance. Il ne faut pas non plus négliger l’équipe du Burkina Faso. Elle n’est pas là par un fait du hasard. Quand on arrive à ce stade de la compétition, tout adversaire est à respecter. Surtout que ce sont des matchs qui ne se jouent pas, mais qui se gagnent. Sur un petit détail, vous pouvez perdre la partie, soit une erreur collective ou même individuelle. Mais, je pense qu’on aura une belle fête en demi-finales.

Pour ce qui est du Cameroun, c’est toujours difficile de jouer un adversaire qui sait qu’il n’a rien à perdre. Dans cette CAN, le Cameroun montre plusieurs visages. Je pense qu’à ce niveau, l’Égypte doit se montrer solide, parce que ça fait 24 ans que le Cameroun n’a pas perdu de match à domicile. Au-delà de ça, avec la nouvelle dynamique, avec le président de la FECAFOOT, qui leur inculque sont esprit de gagneur et qu’on a jamais vu au Cameroun, sauf catastrophe, l’Égypte ne s’en sortira pas.

Les deux meilleurs buteurs de la compétition sont Camerounais. Qu’en dites-vous ?

Vincent Aboubakar et Karl Toko-Ekambi ont prouvé en marquant des buts. Mais, il ne faudrait pas que lors du match contre l’Égypte, l’individualisme domine. Que ça soit un jeu collectif. S’ils veulent donner de la joie aux Camerounais, qu’ils oublient le titre de meilleur buteur et jouent pour le collectif.

L’Algérie, qui est partie frustrée du Cameroun, retrouve les Lions Indomptables pour les barrages des éliminatoires de la Coupe du monde, au mois de mars prochain. Quelle lecture faites-vous de ce match ?

Je pourrais dire que ce sera un match très difficile. Nous avons vu l’évolution de l’Algérie, qui était sur une dynamique de 35 matchs sans défaite, passer à la trappe dans cette CAN. Je pense qu’ils n’avaient pas très bien préparé cette compétition. Ils se disaient certainement, sur le plan psychologique, que c’était un acquis et ils ont été surpris. Je pense que cette génération va tout mettre en œuvre pour pouvoir décrocher la qualification pour le Mondial. Et rarement le Cameroun a perdu dans ce genre de confrontation.

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