
Treize civils, dont sept enfants, ont été tués dans deux frappes de drones de l’armée malienne à Tombouctou. Les autorités restent silencieuses, tandis que la population fuit vers la Mauritanie.
Deux frappes de drones menées par l’armée malienne dans la région de Tombouctou ont causé la mort de treize civils, dont sept enfants, jeudi 13 et vendredi 14 novembre 2025, selon plusieurs sources locales et organisations de défense des droits humains.
Deux frappes meurtrières à 24 heures d’intervalle
La première frappe a eu lieu jeudi soir dans le village de Tangatta, commune de Tin-Aïcha, vers 21 heures. D’après des témoins et le Collectif pour la défense des droits du peuple de l’Azawad (CD-DPA), une famille entière a été décimée : Aly Ag Mohamed Elmehdi, transporteur de 41 ans, son épouse Toraghite Walet Innabagor, 35 ans, et leurs cinq enfants âgés de 7 à 15 ans.
Le lendemain soir, vendredi 14 novembre, une deuxième frappe a visé un campement nomade à Albouhera, près de Gargando, dans la même région. Le bilan s’élève à six morts supplémentaires : quatre femmes et deux nourrissons, ainsi que trois blessés, selon plusieurs sources concordantes.
Des familles en fuite vers la Mauritanie
Ces frappes ont provoqué un mouvement de panique dans la zone. Le CD-DPA rapporte que plusieurs dizaines de familles ont quitté leurs campements pour se réfugier en Mauritanie, redoutant de nouvelles frappes.
Aucune réaction officielle n’a été publiée par l’armée malienne, qui n’a pas communiqué sur ces opérations malgré les sollicitations de la presse.
Un contexte de forte tension dans le Nord malien
Ces frappes surviennent alors que le pays commémorait le deuxième anniversaire de la reconquête de Kidal, ancien bastion des rebelles indépendantistes, par les forces maliennes et leurs supplétifs russes de l’Africa Corps (ex-groupe Wagner).
Le même jour, les jihadistes du Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin (JNIM), affiliés à al-Qaïda, ont revendiqué des tirs de roquettes contre trois positions de l’armée et de ses alliés à Kidal.
Face à cette recrudescence des violences, le Front de libération de l’Azawad (FLA), en guerre contre Bamako, a dénoncé des frappes « délibérément dirigées contre des civils », estimant qu’elles participaient d’une « logique de terreur et de représailles ».
Alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader dans le nord du pays, ces bombardements accentuent les inquiétudes des ONG locales sur la protection des civils dans les zones de conflit. Depuis plusieurs mois, les opérations aériennes maliennes s’intensifient, mais les bavures présumées sont rarement reconnues ou documentées par les autorités.




