Majid Bekkas métisse les musiques le plus naturellement du monde


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Le marocain Majid Bekkas livre Makenba (Igloo Records, 2010), un album étincelant. Une fusion de musiques entre le Maroc berbère, le Sahel, l’Argentine et le jazz né en Occident, où percussions et cordes se marient à ravir.

Voilà le disque d’un artiste marocain qui fait entendre, dès le premier morceau, le son du balafon africain. Majid Bekkas, qui dans ses précédents albums explorait déjà les rencontres et métissages musicaux, poursuit le chemin qu’il s’est tracé, de faire dialoguer la musique gnawa avec d’autres musiques soeurs, comme le jazz et le blues. Co-directeur artistique du festival “Jazz au Chellah”, qui se tient depuis 15 ans à Rabat, Majid Bekkas a fait de ce festival un lieu de rencontres entre le jazz et les autres traditions musicales – et notamment gnawas !

Artiste d’instruments à cordes – guitare, oud, guembri…- et également chanteur, il est accompagné ici d’Aly Keïta au balafon, de Joseph Bessam Kouassi au tambour parlant “ntama”, de Serge Marne et Abdelfettah Houssaini au djembé et à la derbouka, de Louis Sclavis à la clarinette et au sax, et de Minino Garay au tambour argentin “bombo”. Le résultat est plus que convaincant, car cette fusion de musiques n’a rien d’artificiel, entre le Maroc berbère, le Sahel, l’Argentine, et le jazz né en Occident: ce sont les percussions qui en sont le fil conducteur, qui sont le lien génétique entre toutes ces musiques.

Les compositions – pour la plupart de Majid, à l’exception de quelques thèmes traditionnels – oscillent entre des pièces pulsées et énergiques, et d’autres au climat plus grave et intérieur. Et la démonstration du cousinage de ces musiques est clair, par exemple dans une pièce comme “Noussik”, où la guitare guembri des gnawas dialogue avec le balafon, sur une voix chantée en arabe marocain, mais qui pourrait tout aussi bien l’être en bambara… Et le saxophone ou la clarinette accompagnent tout ceci le plus naturellement du monde, prenant parfois la légèreté d’une flûte bédouine “nay” taillée dans un simple roseau…

Au total, un album étincelant de mille reflets, et où l’oreille fait de nouvelles découvertes à chaque écoute: de la même façon que, regardant une rose des sables, l’on découvre une nouvelle facette à chaque fois qu’on la prend en main…

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