Madagascar : « Pas d’élection présidentielle sans réconciliation nationale »


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Faute de recensement de la population, l’élection présidentielle à Madagascar est reportée. Au lieu de se tenir le 8 mai comme prévu, le premier tour se déroulera désormais à le 24 juillet. Et, le second tour se disputera le 25 septembre. Interrogé par Afrik.com, Ravelonjohany, avocat et membre du FBM (le parti arc-en-ciel), pointe du doigt la corruption qui mine le pays.

Afrik.com : Pourquoi les deux tours de l’élection présidentielle ont été reportés ?

Ravelonjohany :
Je crains que l’élection présidentielle ne soit même pas organisée cette année. Si c’est le cas, ça risque de déboucher par une crise. On s’attend à un soulèvement de la population. Ainsi qu’à une crise institutionnelle. Pourquoi les deux tours de l’élection présidentielle ont été reportés ? Parce que le décret de convocation des électeurs n’a pas encore été promulgué. L’élection présidentielle ne peut donc être organisée au risque d’enfreindre la loi.

Afrik.com : Quels sont les facteurs qui vous font croire que l’élection présidentielle n’aura pas lieu en 2013 ?

Ravelonjohany :
Tant qu’on engagera pas une véritable procédure de réconciliation nationale, les élections n’auront pas lieu. Il y a plein de potentiels candidats, condamnés et en attente d’amnistie, qui ne pourront pas candidater comme Marc Ravalomanana. Tant que le pouvoir actuel -qui a plongé le pays dans le chaos- ne s’en ira pas, on ne sortira pas de la crise. Puisqu’ils ne sont pas neutres. Par ailleurs, la Constitution actuelle ne vaut rien, favorisant les plein pouvoirs du président.

Afrik.com : Pourquoi la Cour constitutionnelle refuse de rendre à Marc Ravalomanana son passeport ?

Ravelonjohany :
C’est une affaire sud-africaine. C’est le tribunal de Pretoria, en Afrique du Sud, où il s’est exilé depuis 2009, qui refuse qu’on rende à Marc Ravalomanana son passeport. La SADC Communauté de développement d’Afrique australe, a peur que son retour provoque des troubles et le chaos à Madagascar. L’armée pourrait, par exemple, se soulever.

Afrik.com : Pourquoi le président malgache de la transition, Andry Rajoelina, veut-il changer de Premier ministre ?

Ravelonjohany :
C’est un calcul politique. Le Premier ministre et le président se chamaillent. Le gouvernement s’est scindé en deux parties : les ministre partisans du Premier ministre d’un côté, de l’autre ceux soutenant le président. Andry Rajoelina veut changer de Premier ministre mais il a peur de la réaction de la communauté internationale. Le président de la transition essaye ainsi de trouver une voie légale, c’est-à-dire l’organisation des élections législatives, pour se débarrasser du chef du gouvernement. Il cherche à faire passer des décisions non approuvées par le Premier ministre. En revanche, le Premier ministre entend pour sa part faire la lumière sur la corruption et sur les divers trafics liés au président. Le chef du gouvernement s’oppose à la politique de détournement des dépenses publiques.

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