Madagascar : Mathilde Rabary, lauréate du prix du courage féminin 2008


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Mathilde Rabary
Mathilde Rabary

Mathilde Rabary, juriste malgache de renom, recevra en octobre à New York le prix du courage féminin. Engagée dans la défense des droits humains et de la femme, elle est aussi présente sur le terrain à Madagascar que sur la scène politique nationale. Depuis quelques années, son engagement prend une ampleur internationale. Retour sur un parcours engagé.

Si Mathilde Rabary a toujours été engagée dans la lutte pour les droits de l’Homme et la dignité humaine. C’est la création d’une clinique juridique qui lui vaut aujourd’hui d’être l’une des trois lauréates du « Prix International pour la Santé et la Dignité de la Femme »[[Décerné par le Fonds des Nations Unies pour les populations (UNFPA), ce prix a été créé en 2007 par la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice. Il récompense les femmes qui font preuve d’un courage exceptionnel dans la promotion des droits de la femme et l’amélioration de leur statut.]], décerné par le Fonds des Nations Unies pour les populations (UNFPA). La grande juriste malgache recevra ainsi le prix du courage féminin en octobre prochain à New York (Etats-Unis).

Mathilde Rabary: Réveillez-vous

C’est en 2004 que Mathilde Rabary a l’idée de fonder la clinique « Mifohaza », qui signifie « Réveillez-vous » en malgache. L’avocate accueille à cette époque chez elle une femme victime de viol et l’aide à se défendre contre les quatre policiers qui ont commis le crime. Elle prend alors conscience que les femmes malgaches n’ont aucune connaissance de leurs droits. Très vite, elle décide de s’entourer de jeunes diplômées en droit et crée à Ampandrana un centre d’accueil et d’écoute destiné à informer les femmes sur leurs droits familiaux et professionnels.

Les trois juristes et para juristes reçoivent les femmes victimes de violence et les encouragent à porter plainte. « Les femmes qui portent plainte sont de plus en plus encouragées à fréquenter notre centre. Si, au début, les victimes de la violence physique étaient les plus nombreuses, celles qui subissent les violences matérielles deviennent majoritaires », déclare Ratovohery, l’une des juristes du centre. Mathilde Rabary affirme à Mediaterre que, « depuis la création du centre, plus de 8 900 visiteurs nous ont demandé de l’aide. Nous avons pu les épauler à chaque instant pour qu’ils retrouvent le sourire et la joie de vivre ».

Les membres de la clinique juridique, première en son genre, ne se contentent pas d’accueillir et de renseigner les femmes. Elles sillonnent aussi le pays pour amener les citoyens à prendre conscience de leurs droits. Elles s’occupent notamment d’affaires de violence au foyer, des disputes relatives au droit de propriété et des cas de torture.

Un parcours d’exception pour les droits humains

Avec sa clinique, Mathilde Rabary n’en est pas à son coup d’essai ! C’est une figure emblématique de la défense des droits et de la démocratie à Madagascar. Le Docteur Rabary enseigne les droits de l’homme à l’École d’infirmières de Madagascar depuis 1995. Elle est aussi la présidente de « S.O.S. Aux Victimes du non-droit », une ONG créée en 1999 pour aider les victimes d’abus et éduquer les citoyens de Madagascar sur leurs droits.

Après avoir travaillé au ministère de la Population, elle a été élue député de Madagascar en 1998. A ce poste, elle n’hésite pas en 2002 à engager des poursuites judiciaires contre le gouvernement de son pays pour violation des droits humains. Même si elle est soutenue dans son combat par le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, elle se retrouve mise à l’écart.

Mais il en faut plus pour arrêter Mathilde Rabary dans sa lutte pour le respect de la dignité humaine. Deux ans plus tard, elle prononce devant le comité de l’ONU à Genève, un discours pour l’élimination de la discrimination raciale et représente en 2007 la société civile devant le Haut commissariat de l’ONU lors d’un débat sur la torture à Madagascar.

L’Organisation des Nations pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) rend d’ailleurs hommage à ses travaux. Et, Mathilde Rabary lance la même année le premier colloque international sur les droits de l’homme dans la région de l’Océan Indien.

Toujours plus loin

Afin de récompenser tous ses efforts, l’ONG « Americans for UNFPA » contribue au financement de son centre. Revenant sur le prix du courage féminin qui lui sera décerné à New York, la responsable de communication d’« Americans for UNFPA » – Angeline Martyn, qui tourne actuellement un documentaire sur le travail de Mathilde Rabary – a déclaré : « Ce prix fera connaître Madagascar dans le monde ».

Pour la juriste malgache, la distinction de l’organisme onusien est une véritable une consécration. « Arriver à ce stade de reconnaissance internationale est une vraie consécration. Je me souviens encore des six mois où ma famille et moi avions dû rester dans l’ombre. Heureusement que tous m’ont soutenue », relate Mathilde Rabary dans L’Express de Madagascar.

Durant son séjour new-yorkais, avec les deux autres femmes récompensées pour leurs actions (l’une venue du Mexique, l’autre du Népal), Mathilde Rabary recevra un prix d’une valeur de 5 000 dollars. Les trois lauréates partageront leurs expériences auprès des audiences américaines – y compris devant le Congrès – pour les sensibiliser et les aider à comprendre les réalités vécues par les femmes de leur pays.

Photo : UNFPA

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