Madagascar : les journalistes dans le collimateur du pouvoir ?


Lecture 2 min.
arton41821

Deux journalistes malgaches ont été arrêtés suite à la publication d’une lettre de lecteur accusant trois ministres d’être complices d’un trafic de bois de rose. Une cinquantaine de leurs confrères ont manifesté, mardi, à Antananarivo, la capitale malgache, pour réclamer leur libération.

Les journalistes sont-ils devenus une nouvelle cible du pouvoir malgache ? Une cinquantaine d’entre eux ont manifesté, mardi, à Antananarivo, la capitale malgache, après l’arrestation de deux de leurs confrères, suite à la publication d’une lettre de lecteur accusant trois ministres d’être complices d’un trafic de bois de rose. Ces deux journalistes sont le directeur de la publication du journal Madagascar Matin, Jean-Luc Rahaga, et son rédacteur en chef, Didier Ramanoelina. Ils ont été arrêtés lundi pour « diffamation publique et délit de presse », selon leur avocat Vivier Raoelson.

« Libérez nos collègues »

« Libérez nos collègues », « L’Etat ne supporte pas la démocratie », « Limogez Rivo Rakotovao », le ministre chargé des Infrastructures qui a porté plainte contre eux, scandaient les manifestants. « Puisque l’Etat nous applique la censure, alors nous aussi, nous allons censurer l’Etat », selon Michel Ralidera, le meneur de la manifestation, annonçant que les journalistes allaient boycotter les informations émanant du gouvernement.

Le procès des deux journalistes se tiendra mercredi. Ils encourent de six mois à deux ans de prison ferme et le journal risque un mois de suspension, selon leur avocat. Madagascar Matin avait en effet publié la semaine dernière une lettre de lecteur accusant trois ministres d’être impliqués dans les trafics de bois de rose. Le bois de rose, espèce protégée et menacée d’extinction, est au cœur d’un trafic, essentiellement destiné à l’Asie. Le chef d’Etat Hery Rajaonarimampianina avait fait de la fin de ces lucratives exportations illégales l’une de ses priorités quand il est arrivé au pouvoir, en janvier 2014.

De son côté, le ministre des Infrastructures, Rivo Rakotovao, l’un des trois ministres cités dans le journal, a expliqué avoir « déposé une plainte en tant que personne, parce que ma dignité a été bafouée », selon la télévision nationale. « Comment osez-vous dire dans le journal que je suis un voleur ? C’est injuste », fustige ce ministre proche du Président Hery Rajaonarimampianina, pour justifier son choix d’aller directement en justice au lieu de se contenter de demander un démenti. « Mettre deux journalistes en prison pour une affaire de diffamation est une mesure disproportionnée » a, pour sa part, déclaré Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières, qui réclame leur libération. Selon elle, « il est inquiétant de voir la Grande Ile revenir aux plus sombres heures de la censure ».

Assanatou Baldé
LIRE LA BIO
Assanatou Baldé est une journaliste sénégalo-française installée à Paris, . Indépendante, elle signe régulièrement dans plusieurs médias panafricains et féminins — Afrik.com, Amina Magazine, K-World Magazine, Afrikastrategies ou encore la radio américaine AWR — traitant aussi bien d’actualité politique que de culture ou de success-stories entrepreneuriales . Engagée pour les droits humains, l’égalité femmes-hommes et les questions migratoires, elle a réalisé le documentaire « Un Paris d’exil », qui dévoile le quotidien précaire des demandeurs d’asile installés sous les ponts de la capitale française . Portée par un afro-optimisme assumé, Assanatou Baldé insiste, dans ses articles comme dans ses conférences, sur l’urgence de préparer la jeunesse africaine à l’horizon 2050 — date à laquelle le continent comptera près de 2,5 milliards d’habitants — en s’appuyant sur l’éducation, l’innovation et la mobilité internationale
Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News