
Madagascar s’impose en pionnier sur le continent africain en intégrant l’intelligence artificielle dans la gestion de ses frontières douanières. Grâce au soutien du FMI et à une stratégie numérique ambitieuse jusqu’en 2029, l’administration douanière malgache connaît déjà une hausse spectaculaire de ses recettes.
À Madagascar, la douane fait figure de pionnière en Afrique. Premier service public du pays à intégrer massivement l’intelligence artificielle (IA) dans ses opérations, l’administration douanière poursuit sa transformation numérique avec l’appui stratégique du Fonds monétaire international (FMI). Objectif : renforcer la transparence, accroître les recettes et moderniser durablement les pratiques. Ce virage technologique, soutenu par une stratégie à l’horizon 2029, pourrait bien faire école sur le continent.
Une stratégie numérique ambitieuse jusqu’en 2029
La Douane Malagasy ne se contente plus de moderniser ses outils : elle repense en profondeur son modèle opérationnel. Avec une stratégie digitale pensée jusqu’en 2029, elle ambitionne de rendre l’intelligence artificielle incontournable dans toutes ses procédures. L’idée maîtresse : centraliser les données pour créer un système unifié, cohérent, et capable de produire des analyses précises en temps réel. Une telle approche devrait optimiser la gestion des flux commerciaux, réduire les fraudes et favoriser une meilleure mobilisation des ressources fiscales.
C’est dans ce contexte de transition que deux experts internationaux du FMI, Victor Budeau et François Chastel, ont posé leurs valises à Antananarivo pour deux semaines de formation intensive. Leur mission : renforcer les compétences locales en matière d’IA et accompagner l’administration dans l’intégration des technologies existantes. Cette assistance s’inscrit dans le cadre d’une coopération stratégique entre Madagascar et le FMI, qui voit dans ce pays un modèle potentiel à répliquer à l’échelle africaine. La formation englobe aussi bien la maîtrise des outils que la structuration des données et la gouvernance numérique.
Des résultats déjà visibles : +68 % de recettes en un an
Loin d’être un simple projet pilote théorique, la réforme portée par la douane malgache porte déjà ses fruits. Entre janvier 2024 et janvier 2025, les recettes douanières ont bondi de 68 %, grâce notamment à l’utilisation d’outils d’IA comme RESNET (analyse automatique d’images), Smart Scanning et l’ERA (système d’évaluation renforcée des risques). Ces solutions permettent une détection plus rapide et plus fiable des anomalies, tout en réduisant les délais de traitement. Résultat : plus d’efficacité, moins de corruption et une administration mieux armée face aux défis du commerce international.
Cette performance a convaincu le FMI de désigner Madagascar comme administration pilote pour l’usage de l’intelligence artificielle en douane en Afrique. Une reconnaissance qui dépasse les frontières et positionne le pays comme futur hub régional d’expertise. L’administration malgache espère à terme exporter son savoir-faire, tout en continuant à améliorer ses propres infrastructures numériques. À l’heure où l’économie mondiale se numérise à grande vitesse, Madagascar entend prouver que même les États insulaires peuvent devenir des champions technologiques.