Madagascar : Covid-Organics (CVO), entre soulagement et doute


Lecture 4 min.
CVO Covid Organic
CVO Covid Organic

Cela fait maintenant près d’une semaine que le Président malagasy Andry Rajoelina a annoncé la découverte d’un remède contre le Coronavirus à base d’Artemisia et d’autres plantes médicinales. Depuis, le « tambavy » (décoction) CVO a été distribué, vendu et pris par la population des trois provinces touchées par le Covid-19 (Antananarivo, Fianarantsoa et Tamatave).

Si une bonne part de la population est ravie de la découverte de ce remède, certains restent très sceptiques. Le remède fait encore l’objet de discussions passionnées dans les rues comme sur les réseaux sociaux.

CVO : une route vers le déconfinement

« Avec ce remède, on va maintenant pouvoir sortir et c’est génial ! », c’est en ces termes qu’une mère de famille a accueilli l’annonce du Président. Ces paroles expriment le sentiment de nombreux Malagasy qui ne pouvaient pas sortir et vaquer à leurs occupations, depuis près d’un mois maintenant, à cause du confinement. Cette situation a causé de véritables désastres dans de nombreuses familles qui ne pouvaient plus subvenir à leur besoin. C’est ainsi avec un certain soulagement que ces personnes ont accueilli l’annonce de la découverte du remède.

Pour d’autres, c’est simplement une grande fierté de savoir que des scientifiques malagasy ont réussi à trouver à un remède, là où d’autres ont échoué. « J’ai toujours dit que les « tambavy » malagasy pouvaient venir à bout de cette maladie ! », déclare un jeune homme avec passion. Le CVO est ainsi devenu le symbole de la fierté nationale, un hommage à la médecine traditionnelle malagasy.

Avec maintenant un remède en main, le déconfinement est en route sur la Grande Île. Toutefois, il se fera de manière progressive, comme l’a annoncé le président de la République. Les élèves des classes d’examen ont déjà repris la route des écoles depuis le mercredi 22 avril. Les transports publics fonctionnent également, mais ne peuvent travailler au-delà de 13 heures. Il en va de même pour les commerçants. La vie reprend ainsi son cours petit à petit dans la capitale.

Un remède, mais…

Toutefois, ce remède à base d’Artemisia ne fait pas l’unanimité et laisse plus d’un sceptique. De nombreuses personnes ont réagi à l’annonce de sa découverte, dont l’Académie de Médecine qui a émis une certaine réserve quant à l’utilisation de ce remède traditionnel amélioré. Des scientifiques nationaux et internationaux ont également réagi et émis leurs critiques. Selon eux, la prudence est de mise avec ce remède dont on ne connait jusqu’ici ni la composition ni le vrai taux de guérison.

Mais c’est surtout l’annonce de la prise obligatoire du CVO par les élèves qui reprennent les cours qui a fait le plus de réactions. « Nos enfants ne sont pas des cobayes ! », « Mes enfants ne boiront pas de ce « tambavy » même s’ils doivent ne plus aller à l’école pour cela, tant pis pour les examens ! », c’est en ces termes que des parents indignés réagissent sur les réseaux sociaux. Le ministère de l’Éducation nationale a depuis rectifié le tir et a annoncé que les élèves ne sont pas obligés de boire le remède. Toutefois, on a appris que dans certains lycées, les élèves qui ont refusé d’en prendre ont été priés de quitter la salle de classe.

Les écoles catholiques sont quant à elles plus prudentes. Ainsi, le Cardinal Tsarahazana a expliqué que dans ces écoles,  la prise de ce remède par les élèves doit avoir l’aval des parents ; les élèves devront le prendre soit avec une autorisation de leurs parents soit en leur présence.

Par ailleurs, des critiques ont également été émises quant à la distribution du remède. Si certains quartiers n’ont pas encore eu leur part, les autres qui l’ont déjà reçu voient de longues queues se former avec des personnes, bouteilles en main, qui ne portent pas de masques et qui ne respectent pas la règle de distanciation. Une situation qui pourrait favoriser la propagation rapide de la maladie.

Suivez Afrik.com sur Google News Newsletter