Lopango Ya Banka sample l’histoire congolaise


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Lopango Ya Banka
Lopango Ya Banka

Leur album est dans les bacs depuis le 6 octobre. Lopango Ya Banka, c’est du rap engagé et engageant porté par huit jeunes artistes d’origine congolaise. Kongo Bololo, le premier opus du groupe, est une expérience politique et musicale inédite dans les langues de la République Démocratique du Congo.

Le groupe Lopango Ya Banka (Terre des ancêtres) présente son Kongo Bololo, « Congo amer » en lingala (la langue la plus parlée en République Démocratique du Congo), version CD. Cette première œuvre musicale, qu’ils ont d’abord commencé à partager sur le Net est une « vision rap de l’histoire de la République Démocratique du Congo (RDC) » au travers de l’une de ses figures marquantes : Patrice Lumumba. Le père de l’indépendance congolaise a inspiré les huit membres d’origine kinoise du groupe. « Pour nous, c’est une idole, explique Magenge, l’un des fondateurs de la formation née il y a 12 ans en Allemagne. Patrice Lumumba a donné sa vie pour nous. C’est notre Jésus : il a assumé son destin pour sauver notre peuple. Il est l’ essence du Congo. Nous avons beaucoup lu et beaucoup appris pour préparer cet album. Nous avons essayé de comprendre pourquoi notre pays est dans une telle situation, d’en comprendre l’histoire. »

Le rap en hommage à une nation

Mpo na Kongo (Levons-nous pour le Congo), Loyemba la lokumu, la première version de l’hymne national congolais en lingala, les fragments des discours de Patrice Lumumba (Lumumba skit 1 et skit 2) sont autant de messages lancés par Lopango Ya Banka. Le groupe rappe en lingala et dans deux autres langues officielles congolaises, le tshiluba et le kikongo, avec l’énergie de ceux qui rêvent de changer le monde. « Je suis Bantu, je suis Congolais, affirme avec fierté Magenge. J’ai longtemps rappé en français. Je ne suis pas Américain non plus. Je suis beaucoup plus à l’aise en lingala. C’est notre manière de représenter un peuple, un continent. C’est aussi une façon d’inciter les jeunes Congolais qui vivent en Europe à se familiariser avec le lingala.» En Allemagne, où Magenge et son acolyte Buza ont trouvé refuge au milieu des années 90 après avoir fui la guerre en RDC, ils ont créé une formation musicale et une association, Ezibeli. Son ambition : aider les jeunes congolais, qui ont vécu une expérience similaire, à s’intégrer dans leur pays d’accueil tout en restant proche de leurs racines. A l’association, on apprend à manier les langues nationales congolaises.

Lopango Ya Banka se conçoit comme une passerelle entre deux mondes : l’Europe et la RDC, où leurs clips sont diffusés à la télévision. L’explication de cet accueil favorable selon Magenge ? « Les jeunes Congolais sont réceptifs à notre message parce que ce sont des jeunes qui parlent à d’autres jeunes. C’est notre façon, en tant que diaspora, de contribuer à faire évoluer notre pays. Face au racisme, aux épreuves de la vie, on ne peut qu’avoir qu’une vision politique du monde.» Une vision que Kongo Bololo, album autoproduit, dévoile avec rage et poésie.

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