La Cour pénale internationale (CPI) vient de révéler une sombre page de l’histoire récente de la Libye. Six membres d’une milice libyenne, responsables de crimes de guerre dans la ville de Tarhouna entre 2015 et 2020, font désormais l’objet de mandats d’arrêt pour meurtres, torture et violences sexuelles.
Ces hommes auraient terrorisé des centaines de personnes. Retour sur cette affaire qui bouleverse la communauté internationale.
Le règne sanglant de la milice Al-Kani à Tarhouna
Entre 2015 et 2020, la milice Al-Kani a imposé ses atrocités à la ville de Tarhouna, située à 80 km au sud-est de Tripoli. Ce groupe armé, dirigé par Abdulrahem Al Kani, a semé la terreur parmi les habitants avec des exécutions sommaires et des actes de violence extrême. Le chef de la milice, connu pour ses démonstrations de force avec deux lions en laisse, a marqué les esprits par ses méthodes brutales.
La découverte des charniers : un choc pour la Libye
Après la fuite de la milice en 2020, à la suite de l’échec des forces pro-Haftar, les habitants ont découvert des dizaines de charniers à Tarhouna. Human Rights Watch (HRW) a signalé la disparition ou l’enlèvement d’au moins 338 personnes pendant le règne de la milice. Les fosses communes retrouvées sur des fermes et des décharges témoignent de l’ampleur des crimes commis. De plus, les habitants ont décrit des conditions de détention inhumaines, ce qui a renforcé l’indignation internationale.
Les chefs d’accusation retenus par la CPI
La CPI accuse les six hommes visés par les mandats d’arrêt de crimes de guerre, incluant meurtres, traitements cruels, outrages à la dignité humaine et violences sexuelles. Parmi eux, trois figures centrales de la milice Al-Kani : Abdulrahem Al Kani, Maklouf Douma, et Nasser Al Lahsa, ainsi que Mohamed Salheen, Ramadam Al Shaqaqi, et Fathi Al Zinkal, impliqués dans les horreurs de Tarhouna.
L’enquête de la CPI et les défis à venir
La CPI a émis ces mandats d’arrêt en 2023, mais les a gardés confidentiels jusqu’à récemment. Cette discrétion illustre les difficultés d’arrêter les suspects. La Libye n’étant pas membre de la CPI, le Conseil de sécurité de l’ONU, qui avait saisi la Cour en 2011, doit faciliter ces arrestations. En outre, le procureur Karim Khan a souligné que la capture de ces criminels reste un défi majeur en raison de l’instabilité persistante dans le pays.
Un pas vers la justice pour les victimes de Tarhouna
La publication de ces mandats d’arrêt représente un tournant pour les victimes de Tarhouna, qui attendent justice depuis des années. Alors que la Libye tente de se relever après une décennie de chaos, arrêter ces criminels pourrait marquer une première étape vers la réconciliation et la paix. Toutefois, le chemin reste semé d’embûches. La communauté internationale devra donc redoubler d’efforts pour que la justice soit rendue.