
Monsieur le Premier Ministre,
Depuis le 22 mars 2012, le Mali traverse la plus grande crise de son Histoire. Cette crise politico-militaire débuta par un coup d’état militaire de jeunes et se poursuivit par la prise des trois régions administratives du Nord de notre Etat par des groupes terroristes liés à la nébuleuse Al Quaida. A la suite de ce coup d’état, deux fronts se sont constitués regroupant les partis politiques de notre pays. Un front anti putsch composé des principaux partis maliens et un second front pro putsch constitué de partis moins importants de l’échiquier national.
Grâce à une médiation de la Cedeao, une nouvelle transition s’ouvre, le Président de l’Assemblée Nationale devient le Président de la République par Intérim et a nommé une personne consensuelle en votre personne à la Primature, vous avez été chargé de constituer un gouvernement d’union nationale, gouvernement que vous avez constitué en avril. Ne trouvant pas ce gouvernement représentatif de la population malienne, la Cedeao vous a demandé de constituer un second gouvernement, chose faite dès le mois d’aout.
Monsieur le Premier Ministre, nous avons été surpris de voir que les principaux ministres en charge de la jeunesse, de l’enseignement ou de l’emploi ainsi que leurs collaborateurs, qui travaillent directement pour la Jeunesse ne sont pas des Jeunes, certains ayant même l’âge d’être nos grands-parents : comment ces personnes peuvent-ils comprendre nos aspirations, nos rêves et notre comportement ?
Nous avons vu certains medias parler d’un gouvernement avec « 30% » de Jeunes, mais depuis quand dans un pays où l’espérance de vie est 51 ans, une personne ayant 40 ans est un jeune ? La Jeunesse Malienne (personnes de moins de 30 ans) représente 65% de la population de notre pays, et pourtant vous ne nous avez pas demandé notre avis lors des consultations que vous avez entrepris en vue de former un cabinet d’union nationale. Comment comprendre que lors de la composition d’un gouvernement composé de toutes les couches du Mali, plus de la moitié de la population ne fut pas consulté ? La jeunesse obéit à des règles, des normes compréhensibles uniquement par d’autres jeunes. Vous savez, la jeunesse Africaine est capable du meilleur, Abdelaziz Bouteflika que vous avez rencontré récemment peut en témoigner, il détenait dès l’âge de 26 ans un portefeuille ministériel et a présidé à moins de 30ans plusieurs séances de l’Assemblée Générale des Nations Unis. Patrice Lumumba, Jerry Rawlings ou encore El Hadj Omar Bongo ont accédé à des hautes fonctions alors qu’ils étaient encore des jeunes sans expérience…
Monsieur le Premier ministre, à la différence de certains nous ne rêvons pas d’obtenir un maroquin ministériel. Nous voulons par contre et obligatoirement aider le Mali en travaillant de concert et dès maintenant avec vous et les membres du gouvernement au quotidien afin d’acquérir de l’expérience. La plupart des dirigeants de la IIIe ne connaissaient en rien la gestion des affaires publiques et ont commis des erreurs. Face aux urgences, nous n’aurons pas le temps de commettre des erreurs, demain nous aurons la responsabilité de diriger le Mali et sans expérience aujourd’hui, nous ne pourrons rien faire.
Nous avons dénoncé la dictature de Modibo Keita, nous n’avons pas été écouté, nous avons dénoncé la répression du régime de Moussa Traoré, nous n’avons pas été écouté, nous avons dénoncé l’échec des écoles sous Alpha Oumar Konaré, nous n’avons pas été écouté, nous avons dénoncé la gestion d’un homme et de son clan sous Amadou Toumani Touré, nous n’avons pas été écouté.
Il est temps Monsieur le Premier Ministre que vous preniez vos responsabilités et que vous nous écoutiez.