Les viols, plaie des écoles sud-africaines


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Drapeau de l'Afrique du Sud
Drapeau de l'Afrique du Sud

Les écolières sud-africaines sont victimes d’abus sexuels de la part de leurs professeurs et de leurs camarades. Une situation effroyable qui viole leur droit à l’éducation, dénoncée par Human Rights Watch dans un rapport accablant.

 » Je ne veux plus rester dans cette école. J’ai pensé à changer d’établissement mais à quoi bon ? Si ça m’est arrivé ici, ça peut arriver n’importe où. Je ne veux plus retourner dans quelque école que ce soit « . P.C. a 15 ans, elle est Sud-Africaine. Elle a été abusée sexuellement par son professeur et fait partie des nombreuses jeunes filles qui ont accepté d’être interviewées par Human Rights Watch l’année dernière. L’association vient de sortir un rapport accablant sur les viols dont sont victimes les jeunes filles scolarisées en Afrique du Sud.

 » Les filles apprennent très vite que la violence et les abus sexuels font inévitablement partie de leur quotidien scolaire – donc elles ne vont pas à l’école. Les officiels sud-africains doivent affronter le problème de la violence sexuelle dans les écoles dans les plus brefs délais « , clame Erika Georges, l’auteur du rapport.

Pressions psychologiques et physiques

Human Rights Watch distingue le viol, l’agression et le harcèlement pratiqués par les professeurs, les employés des établissements et les élèves de sexe masculin sur leurs  » camarades  » de classe.  » J’ai été violée par deux garçons de ma classe censés être mes amis « , avoue W. H., 13 ans. M. C., 14 ans, renchérit :  » Les garçons vous touchent les fesses et la poitrine. Certains professeurs leur demandent d’arrêter et leur donnent une colle ou une punition mais ça ne fait rien. Quant aux autres profs, ils ne s’en préoccupent pas.  »

Avances sexuelles répétées, agressions verbales, rendez-vous douteux conduisant à des viols dans les toilettes de l’école, les salles de classe, les dortoirs et mêmes les couloirs de l’établissement… La pression psychologique et physique qui pèse sur les écolières du pays est terrible. Si les abus sexuels à l’école touchent tous les niveaux sociaux et tous les groupes ethniques, il est impossible de donner des chiffres précis sur l’ampleur du phénomène.

Barrière discriminatoire

Les cas déclarés ne sont  » que la partie immergée de l’iceberg « , selon le Conseil de recherche médicale sud-africain. Les établissements, pour s’éviter une publicité désagréable, promettent de régler le problème en interne et demandent aux familles de ne pas l’ébruiter ni de prévenir la police. Dans les faits, les professeurs, comme les élèves, sont rarement inquiétés.

Les victimes sont menacées de représailles par leurs bourreaux et sont stigmatisées par leurs camarades de classe. L’effet sur leur scolarité est dramatique. Les jeunes filles deviennent dépressives, ratent leurs examens, refusent de retourner à l’école ou changent d’établissement en cours d’année.

Les jeunes Sud-Africaines sont plus nombreuses à être scolarisées que leurs consœurs d’Afrique sub-saharienne. Mais l’environnement de violence sexuelle auquel elles sont confrontées constitue une barrière discriminatoire pour leur accès à l’éducation. Les initiatives du gouvernement pour lutter contre cette situation sont pour l’instant trop timides. Human Rights Watch préconise une meilleure coordination entre le système éducatif et le système judiciaire et la mise en place de mesures préventives comme des programmes éducatifs. Pour que les petites Sud-Africaines puissent enfin étudier en paix.

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