Les vies de Pharaon


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L’Institut du Monde arabe se penche sur les pharaons. Pour son exposition de rentrée très attendue, elle propose de faire connaissance avec ce monarque absolu qui, entre dieu et homme, a régné pendant plus de trois millénaires sur l’Egypte ancienne. Une superbe découverte.

« Du haut de ces pyramides, 40 siècles vous observent », disait Napoléon Bonaparte à ses troupes, en Egypte, en 1798. Aujourd’hui, c’est à vous d’observer 40 siècles d’histoire pharaonique, grâce à la magistrale exposition de l’Institut du Monde arabe (Ima), à Paris, sobrement intitulée « Pharaon ».

« Depuis une vingtaine d’années, la vallée du Nil a suscité de grandes expositions dont le succès ne s’est jamais démenti. Elles ont été conçues soit dans une perspective historique (autour d’une période, d’un roi, d’une capitale), soit autour de quelques thèmes porteurs : la religion, les coutumes funéraires, la vie quotidienne. Pour mieux faire comprendre cette civilisation légendaire, un nouveau fil conducteur s’est imposé à moi : le pharaon, ce ‘roi divin aux multiples apparences’ dont la fonction et la personne dominent l’histoire égyptienne », explique Christiane Ziegler, commissaire scientifique de l’exposition, également conservateur général, chargée du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre.

Pharaon, dieu et homme

Pharaon : dieu ou homme ? L’exposition, à travers plus de 200 œuvres provenant pour l’essentiel du Louvre et du Musée égyptien du Caire, tente de répondre à cette question en donnant à voir la double nature de ce roi pas comme les autres, toujours aussi mystérieux et fascinant. Le pharaon était de nature humaine et d’essence divine. Il était le réceptacle vivant de la divine souveraineté et c’est la divinité de la fonction royale qui était vénérée par les anciens Egyptiens et non son titulaire momentané, simple mortel élu par les Dieux. Pour autant, la divinité de la fonction royale conférait au souverain une essence surhumaine qui lui permettait de se confondre avec les Dieux après sa mort. C’est pourquoi les masques funéraires, comme celui de Psousennès 1er présenté à l’Ima, étaient en or. Le métal précieux évoquait l’indestructible chair des dieux et assimilait le visage du roi défunt au soleil sans cesse renaissant…

L’exposition montre tour à tour les différentes facettes du pharaon. Il est donc un intermédiaire entre les hommes et les dieux, mais aussi le garant de l’équilibre du monde, en combattant victorieusement ses ennemis, ainsi que le garant de la prospérité de l’Egypte, en gouvernant à la tête d’un Etat centralisé et très élaboré. Mais c’est aussi un homme, mari et père. La 5ème section de l’exposition reconstitue sa vie quotidienne et nous apprend que la résidence royale, bien qu’immense, n’était pas destinée à durer éternellement. Contrairement aux temples, demeures des dieux construits en pierre, la maison du Pharaon, était, comme celle de ses sujets, bâtie en briques crues.

Pièces rares

On découvre aussi l’existence de « harems ». Car si la monogamie régit la vie conjugale du commun des mortels, le pharaon, lui, doit se plier aux usages de son rang. Les concubines renforcent les liens diplomatiques avec des Etats alliés. Avec l’exemple du harem de Gourob, on appréhende une réalité à mille lieux de l’imagerie orientalisante et lascive que l’on colle généralement à ce terme : le harem était le siège d’une véritable institution, et les femmes s’y adonnaient à différentes activités économiques comme le tissage ou le travail du bois.

Quatre cents pharaons ont régné pendant plus de trois millénaires en Egypte. Certains sont tombés dans l’oubli, d’autres ont traversé le temps, comme Khéops, Khéphren, Mykérinos (qui ont fait ériger les trois pyramides du Caire), Akhénaton, le mari de Néfertiti, ou encore Toutânkhamon qui, pourtant, n’était un enfant lorsqu’il monta sur le trône. C’est grâce à la découverte, en 1922, de sa tombe inviolée que l’histoire du jeune pharaon, qui ne régna que 10 ans et mourut sans héritier, est aujourd’hui enseignée à l’école… Parmi les pièces exceptionnelles présentées à l’Ima et qui sortent rarement du Musée égyptien du Caire : le colosse de Toutânkhamon, qui accueille le visiteur. Son dernier voyage sur le sol français remonte à 1967… Ou encore le trésor de Tanis, mis à jour dans le delta du Nil, entre Damiette et Port-Saïd, en 1940, qui constitue le plus grand ensemble de bijoux et d’orfèvrerie jamais exhumé depuis la découverte de la tombe de Toutânkhamon.

 Pharaon, du 15 octobre 2004 au 10 avril 2005, à l’Institut du Monde arabe.

1, rue des Fossés-Saint-Bernard – Place Mohammed-V 75005 Paris

(00 33) 1 40 51 38 38

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