Les trois bracelets brisés


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

La censure ivoirienne s’abat sur le film  » Les Trois bracelets  » de Yéo Kozoloa. Les membres de la commission de censure reprochent au film son immoralisme et sa  » déviation du scénario original « . En clair, le film montre un charnier. Immoral !

Porno et moralité. Le film  » Les trois bracelets  » du réalisateur ivoirien Yéo Kozoloa est jugé immoral et pornographique par la Commission nationale de la censure cinématographique. Ce film, présenté au Festival panafricain de Ouagadougou (Fespaco), a déjà été la cible des mêmes censeurs. La Commission reproche à Yéo Kozoloa une scène oedipienne, jugée immorale et pornographique.

Elle demande la suppression de la séquence du film où l’on voit (devine, serait plus juste) une scène de viol de la mère par son fils. Cette scène, nécessaire selon le réalisateur pour la compréhension du drame, est insupportable aux yeux de la commission.  » Les trois bracelets », présente l’histoire de triplés orphelins, dispersés dans la nature, et qui se retrouveront plus tard grâce à des bracelets magiques que chacun portait à sa naissance.

Cachez ce charnier !

Politiquement incorrect.  » Cette décision est la deuxième censure que ce film connaît. Au départ, on m’a demandé de l’interdire aux moins de 13 ans. Ce dont nous avons pris acte. S’agissant de la séquence censurée, je crois qu’elle est plus suggestive que révélatrice. Dans mon film, la femme n’est pas montrée nue contrairement au film  » Bronx-Barbès  » ( film qui a eu un grand succès en Côte d’Ivoire, ndlr) où la prostituée est vue nue. Pourtant, c’est moi que l’on censure « , s’insurge l’auteur de  » Pétanqui « , dans les colonnes de  » Notre voie « . Pour l’instant, le réalisateur se trouve sans aucun soutien.

L’explication se trouverait, selon notre confrère, dans l’utilisation d’une image d’un charnier. Ce qui n’était pas prévu dans le scénario, et qui a le don particulier d’irriter la sensibilité très vive des politiques. Car cette scène renvoie les Ivoiriens à leur passé immédiat, non encore assumé.  » On ne doit rien reprocher au scénario, car un scénario n’est pas définitif. Il est susceptible de modification. A propos de cette séquence de 42 secondes montrant un charnier, il ne s’agissait pas pour nous de condamner la Côte d’Ivoire, notre pays, pour quoi que ce soit. Le charnier illustre ici la vilenie de la violence. C’est un médaillon que nous avons posé pour faire comprendre aux uns et aux autres qu’il faut savoir pardonner « , se croit obligé de justifier Yéo Kozoloa. Mais l’art ne peut pas cacher la vérité : son objet est de la révéler.

Avec tous ces retards, le cinéaste ivoirien n’est pas prêt de voir la version définitive des  » Trois bracelets « . Dommage.

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