Les Somaliens déposent les armes à Khartoum


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Le gouvernement somalien de transition et l’Union des tribunaux islamiques (UTI) ont signé jeudi à Khartoum (Soudan), grâce à la médiation de la Ligue arabe, un accord de reconnaissance mutuelle et de fin des hostilités. Cette réconciliation devrait ouvrir la voie à une poursuite des négociations en vue d’un accord de paix définitif.

Le gouvernement de transition somalien et l’Alliance des tribunaux islamiques se sont enfin mis d’accord sur un texte jeudi à Khartoum, au Soudan. Ils ont signé sous la houlette des médiateurs de la Ligue arabe, un accord qui stipule « la reconnaissance de la légalité du gouvernement de transition et la présence de l’Alliance des tribunaux islamiques ». Ainsi, selon Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe qui a mené les pourparlers avec le ministre des Affaires étrangères soudanais, Lam Akol, l’Union des tribunaux islamiques (UTI) s’est engagée à reconnaître le gouvernement intérimaire, en place depuis 2004, basé à Baidoa, à 250 km au nord-ouest de la capitale somalienne. En retour, le gouvernement soutenu par les Nations unies « reconnaît la réalité et l’existence des tribunaux islamiques ». Approuvé par le chef de la délégation des tribunaux islamiques, Ali Mohammad Ibrahim et le ministre des Affaires étrangères du gouvernement intérimaire, le texte mentionne également « la fin des campagnes médiatiques et militaires ». Il appelle également à « la poursuite du dialogue sans condition préalable, dans le cadre de la reconnaissance mutuelle » des deux parties, au « jugement des criminels de guerre » et lance un « appel de paix à toutes les factions somaliennes ».

L’UTI contrôle, depuis début juin, une grande partie de la Somalie, notamment Mogadiscio d’où ils ont chassé les seigneurs de guerre. La tension est donc montée d’un cran entre les « nouveaux maîtres de Mogadiscio » et le gouvernement intérimaire. Ce dernier n’a pas admis le remplacement des chefs de guerre qui faisaient pourtant régner la terreur dans la capitale depuis 15 ans. Les islamistes leur ont reproché, à leur tour, de s’être prononcé pour le déploiement d’une force étrangère de maintien de la paix, en affirmant que des intégristes musulmans du monde entier, les avaient aidés à prendre le contrôle de la capitale. Washington inquiet de la montée en puissance de l’UTI, soupçonnée d’abriter des membres du réseau terroriste Al-Qaeda, a encouragé la création d’un groupe de contact sur la Somalie composé principalement de pays occidentaux. Ce groupe s’est engagé, le 16 juin dernier, à promouvoir la réconciliation dans le pays. Seulement, les tentatives de dialogue entre les deux parties ont toujours échoué jusqu’à l’intervention du Soudan. Le pays, en tant que président de la Ligue arabe, a proposé sa médiation pour mettre un terme à un conflit qui a fait, en quelques mois, près de 360 morts et plus de 2 000 blessés.

Une lueur d’espoir quant à la fin du conflit

Omar Hassan al-Béchir, le Président soudanais s’est réjoui en tant que président de la Ligue arabe, de cet accord inter-somalien. Il signale, selon lui, le début de la fin des conflits en Somalie. Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a salué quant à lui, la signature de cet accord qu’il a qualifié de « développement positif » et a encouragé les deux parties « à rester engagées dans un dialogue visant à promouvoir la paix et la réconciliation nationale ». Il a également félicité la Ligue arabe pour sa médiation. Pour le Département d’Etat américain, cette entente constitue un premier pas positif d’un long processus de paix, même s’il s’apparente à une défaite pour les Etats-Unis qui avaient soutenu les seigneurs de guerre contre les islamistes.

« Les deux parties se sont mises d’accord pour atteindre un compromis qui préserve l’unité et l’intégrité de la Somalie », a indiqué Amr Moussa. Le président somalien, Abdullahi Yusuf Ahmed qui a dirigé la délégation du gouvernement, a assuré que « le gouvernement de transition s’engageait à l’application de cet accord » et a appelé les autres parties à le respecter. L’accord signé, ce jeudi, semble donc avoir ouvert la voie à la poursuite des négociations en vue d’un accord de paix. L’UTI et le gouvernement de transition ont décidé de se retrouver à nouveau le 15 juillet prochain, toujours à Khartoum, pour d’autres pourparlers qui porteront sur un cessez-le-feu définitif, le partage du pouvoir et sur des questions de sécurité. Seul ombre au tableau : les seigneurs de guerre, qui ne sont pas signataires de l’accord, ne sont pas tenus de respecter le cessez-le-feu.

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