Les providers algériens se serrent les coudes


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La première association de providers algériens est née en décembre 2002. Son but : défendre les intérêts communs de la trentaine de fournisseurs d’accès à Internet que compte l’Algérie. Retour sur cette belle initiative avec Younès Grar, président de l’association.

Younès Grar, ancien chercheur, responsable pendant de longues années d’un laboratoire au Centre de développement des technologies avancées, a créé Gecos en 1994. D’abord société informatique, Gecos s’est lancée en 1997 dans la conception et l’hébergement de sites web puis est devenue en 1999 le premier fournisseur privé d’accès à Internet. Aujourd’hui, Gecos est présente dans dix wilayas, de Batna à Oran, et emploie une cinquantaine de personnes à Alger. Younès Grar, infatigable militant de la démocratisation d’Internet, est à l’origine de la première association de providers algériens, l’AAFSI.

Afrik : Vous avez créé en décembre 2002 une association de providers, pourquoi ?

Younès Grar : En 1999, le seul provider algérien était étatique et nous avons été la première entreprise privée à obtenir l’autorisation de fournir l’accès à Internet. Dès 2000, le gouvernement a donné de plus en plus d’agréments à d’autres sociétés. L’activité prenant de l’importance, nous avons pensé à mettre en oeuvre un cadre de travail et de rencontre, afin de rendre l’activité plus stable et le service meilleur. En septembre 2002, nous avons lancé un appel à tous les providers. Quasiment tous les grands nous ont rejoint et nous comptons 27 membres, tous opérationnels. Mais bien sûr, tous les providers sont les bienvenus et nous souhaitons aider ceux qui n’ont pas encore totalement les moyens de démarrer leur activité.

Afrik : Pourtant, vous êtes tous concurrents ?

Younès Grar : Bien sûr, mais la demande est tellement forte… notre pays a besoin de beaucoup plus de providers. 80 entreprises ont reçu l’agrément des autorités mais seules une trentaine sont opérationnelles. Au moins 50 n’ont pas pu démarrer à cause de problèmes financiers et du manque de lignes spécialisées. Quatre ou cinq providers ont une présence nationale, c’est-à-dire sur cinq ou six wilayas (préfectures). Les autres sont régionaux, présents dans une seule wilaya. Gecos est présente dans dix wilayas.

Afrik : Quelle est le but de votre association ?

Younès Grar : Défendre nos intérêts communs, se concerter et s’entraider. L’association n’est pas un syndicat mais une force de proposition pour le gouvernement en ce qui concerne les stratégies de développement de l’Internet en Algérie. Nous sommes les mieux placés pour être consultés. Nous avons demandé une audience à toutes les personnes qui interviennent directement ou indirectement dans ces stratégies de développement. Nous devons nous faire connaître pour que soient pris en charge nos problèmes, nos réflexions, nos expériences…

Afrik : Quels sont les problèmes rencontrés par les providers algériens ?

Younès Grar : Des problèmes d’infrastructure, bien sûr. Le domaine des télécoms algérien est très en retard. La législation n’a pas suivi le développement de cette technologie. L’Etat encourage certaines activités mais pas assez celle-là. Pourtant, elle est très importante pour le pays. Développer l’Internet, cela veut dire développer les télécoms. Le gouvernement doit aller au-delà des déclarations d’intention et briser les monopoles en ouvrant rapidement le secteur. Les nouvelles technologies, comme le haut débit ou les connexions par satellite, sont mal acceptées et mal assimilées par les responsables algériens. Il faut changer les mentalités. Internet est devenu très courant, il y a plus de 3 000 cybercafés dans le pays. Les entreprises ont des sites, se tournent vers des solutions basées sur Internet comme le commerce électronique. Les investisseurs, algériens ou étrangers, doivent prendre des risques pour stimuler le domaine.

Afrik : Au départ, votre société créait et hébergeait des sites Internet. Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la fourniture d’accès à Internet ?

Younès Grar : Parce-qu’à l’époque, il y avait un vide énorme et une forte demande, de la part des particuliers comme des entreprises. Internet devenant de plus en plus un outil de travail, il fallait répondre aux besoins en la matière et apporter une qualité de services acceptable. C’est très difficile à mettre en oeuvre, le fait même d’avoir une simple ligne téléphonique n’est pas évident ici, il faut souvent attendre un mois… Alors, installer toute une plate-forme avec des centaines de lignes, c’est un vrai parcours du combattant !

Lire le portrait de Younès Grar.

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