Les migrations subsahariennes : par-delà les clichés, des richesses à partager


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En résonance à l’actualité sociale et politique de l’année et pour mieux connaître ces migrations, Hommes et Migrations et le GRDR proposent deux jours consacrés à l’histoire et à l’actualité des migrations subsahariennes en France. Initialement prévu le week-end des 19 et 20 novembre, ce nouveau Rendez-vous de la revue est programmé pour les 21 et 22 janvier 2011, à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration.

Peu nombreux en France jusque dans les années 60, les migrants originaires d’Afrique subsaharienne sont d’abord venus dans le cadre d’une immigration de travail suscitée par les entreprises françaises dans les secteurs les moins attractifs du marché du travail. En 1974, avec l’arrêt officiel de l’appel à la main-d’œuvre étrangère, l’immigration se diversifie géographiquement en élargissant les aires de départ et socialement : des femmes et des familles arrivent dans le cadre du regroupement familial, des citadins diplômés ou non se joignent aux ruraux. Par ailleurs, des demandeurs d’asile fuient les conflits ethniques et les régimes autoritaires. Cette diversification s’accompagne d’une croissance lente mais régulière des flux et d’une modification des projets de départ : il y aurait près de 600 000 immigrés en 2004, dont vraisemblablement 1/10e de personnes en situation irrégulière malgré les vagues de régularisation successives qui les concernent pour moitié. Les chiffres de la présence subsaharienne en France sont d’ailleurs sujet à débat entre experts de la statistique et dans l’opinion française.

Vendredi 21 janvier de 14h00 à 17h30 – Etat des connaissances

Ouverture par Luc Gruson, Directeur général de la CNHI et Michel Colin de Verdière, président du GRDR

14h15 à 15h45

Les migrations subsahariennes en France, flux et présence depuis les années 60

Ces migrations font l’objet d’une actualité récurrente en France en alimentant des stéréotypes dans l’opinion française alors que les travaux encore peu nombreux montrent la complexité des formes d’installation et d’insertion dans la société française. Quel est le poids de l’histoire coloniale, puis des indépendances africaines dans les configurations de cette immigration et dans les modalités de sa réception en France ? En quoi cette présence subsaharienne diffère-t-elle des autres immigrations arrivées récemment ?

Pour répondre à ces questions, Marie Poinsot rédactrice en chef de la revue, invite :

 Julie Garnier, université de Poitiers – Laboratoire Migrinter, Les Africains en France : vieillissement et transformation d’une migration.

 Liza Rives, Ehess, Laboratoire Maurice Halbwachs, La Goutte-d’Or, succursale de l’entrepreneuriat sénégalais.

 Abdoul Ba, université d’Evry, La diaspora sénégalaise en France dans un contexte mondialisé.

16h00 à 17h30

Regards rétrospectifs et prospectifs sur l’espace migratoire subsaharien

De nos jours, la France se situe en deuxième position en Europe pour l’accueil des migrants africains derrière la Grande-Bretagne. Les migrants tendent désormais à délaisser l’ancienne métropole coloniale pour se destiner vers les pays du pourtour de la Méditerranée (Italie, Espagne, Portugal, Grèce) et plus d’un tiers partent vers les Etats-Unis. Ces nouvelles stratégies migratoires orientent les flux actuels dont les caractéristiques évoluent. Une des particularités de ces migrations réside dans le souci d’organisation collective en vue de participer au développement du pays d’origine, soit par transferts financiers, soit en portant des projets correspondant aux besoins du pays. Quelle est aujourd’hui la vitalité de ce développement ? Les migrants sont-ils considérés comme des acteurs à part entière aux côtés des collectivités territoriales, des associations et de l’Etat français ?

Pour répondre à ces questions, Patrick Gonin, Maître de conférences à l’Université de Poitiers et administrateur du GRDR, invite :

 Mathieu Lafréchoux, Directeur des opérations et des partenariats, Rafael Ricardou, Coordinateur de l’antenne Ile de France, et Samba Yatéra, Directeur adjoint du GRDR.

 Armelle Choplin, université de Paris-Est – Marne-la-Vallée, Quand la mer se ferme. Du transit au post-transit migratoire en Mauritanie.

 Nathalie Kotlok, université de Poitiers-Migrinter, Le co-développement, une politique publique à plusieurs faces.

 Kevin Mary, universités de Caen et Poitiers, Entre la « forteresse Europe » et l’Amérique d’Obama.

Samedi 22 janvier de 15h00 à 22h00 – Vitalités artistiques

L’immigration subsaharienne fait preuve de vitalité dans le domaine culturel et artistique qui va à l’encontre des stéréotypes sociaux et des discriminations dont elle fait l’objet dans la société française. Dans toutes les disciplines, les formes d’expression suscitent des échos chaleureux, même si les artistes et les collectifs culturels rencontrent des difficultés dans leurs parcours. Dans quel contexte la création africaine en France peut-elle aujourd’hui se déployer ? Quelles représentations des Africains et de l’Afrique propose-t-elle ? Comment témoigne-t-elle autrement des expériences migratoires ?

15h00 à 17h30 – En partenariat avec Culturesfrance, diaporama sur la biennale africaine de la photographie, Bamako 09.

Regards photographiques sur les migrants et les frontières

En écho à la biennale de Bamako 09 qui portait sur le thème des frontières, des artistes africains montrent comment la photographie interroge l’expérience migratoire sous toutes ses coutures. Les migrations sont des passages de frontières géographiques, politiques, sociales et culturelles, parfois générationnelles. Les frontières se définissent au-delà des limites territoriales des Etats pour englober des notions beaucoup plus complexes où le passage, le transit, les allers-retours peuvent prendre tout leur sens. Nous verrons comment le traitement par la photographie contemporaine explore d’autres dimensions des frontières en interpellant le symbolique, l’intime, le sacré et le religieux, l’imaginaire et le réel etc.

Table-ronde animée par Dagara Dakin, université de Paris 1, en présence de :

 Michket Krifa et Laura Serani, commissaires de la 8e biennale africaine de la photographie, Rencontres de Bamako 2009 qui portaient sur les frontières.

 Ananias Léki Dago, photographe ivoirien,

 Barthélémy Toguo, artiste et photographe camerounais,

 Marian Nur Goni, doctorante en histoire de la photographie à l’Ehess-Paris. et responsable de Afriphotos projet d’une collection sur les photographes africains contemporains et le site Internet.

18h00 – 20h00

Littérature et migrations africaines

Depuis plusieurs dizaines d’années, des écrivains africains francophones publient leurs œuvres en Europe ou aux Etats-Unis où ils vivent pour la plupart et rencontrent une audience avec succès. Le thème des migrations fait-il partie des sujets de leur inspiration ? Quel témoignage apportent-ils de l’expérience de l’exil en France et quelle vision proposent-ils de la société française ? Comment cette littérature peut-elle modifier le regard porté sur l’immigration africaine en France en renouvelant les cadres culturels dominant par des expressions vivantes et vivifiantes ?

Table-ronde animée par Elisabeth Lesne, coordinatrice du Prix littéraire à la Cité, en présence de :

 Mamadou Mahmoud N’Dongo et Elisabeth Tchoungui, deux écrivains qui nous parlent de leurs romans récents,

 Boniface Mongo-Mboussa, critique littéraire et spécialiste de la littérature africaine,

 Nicolas Treiber, université de Paris IV, évoque la figure du migrant dans la littérature africaine des années 50.

 Et un auteur représentant l’éditeur Présence africaine.

En continu sur les deux après-midi dans le forum et l’auditorium de la Cité des expositions :

Le GRDR, 40 ans d’aventure humaine ? Sahel, mon amour ? des aquarelles d’Oscar Baillif ? Terres ocres, peintures et sculptures d’Oumar Ball, mais aussi les stands des maisons d’édition spécialisées sur l’Afrique et des associations de migrants, partenaires du GRDR.

20h15 – 20h45 – Intermède gustatif autour de saveurs africaines

et pour finir ce Rendez-Vous thématique

21h00 – 22h00 – L’Afrique, force de la mode

Carte blanche à des créateurs d’origine africaine

Des stylistes africains ont choisi de venir travailler en France, patrie de la mode. Les tissus, les formes vestimentaires, les coiffures, les ornements qu’ils adoptent opèrent des métissages inventifs entre la tradition africaine et les codes de la haute couture occidentale qu’ils revisitent avec audace et liberté. Leur mode devient un langage en soi et atteste d’une revendication culturelle forte : rester africain tout en affirmant leur rôle dans le renouveau de la mode en France.
Sous le parrainage de Sakina M’sa, et avec la participation de Imane Ayissi, Sadio Bee, Anggy Haïf, Anna Nagalo, Sokona Niakahte, Bill Ruterana, Martial Tapolo, et la classe haute-couture du lycée d’Alembert à Aubervilliers.

Informations pratiques :

Les 21 et 22 janvier 2011 après-midi, Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, Palais de la Porte Dorée, 75012 Paris – M° Porte-Dorée (ligne 8, direction Créteil, bus 46).

ENTRÉE LIBRE – Réservation conseillée : hetm@histoire-immigration.fr

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